lundi 31 août 2015

Pax Europæ 1. Certitudes : La couverture de Karoline Juzanx (et une date, enfin)

Vous ne pouvez pas imaginer le plaisir et l'excitation que je ressens à vous révéler la couverture du tome 1 de Pax Europæ : Certitudes. Elle a été réalisée par la talentueuse Karoline Juzanx dont vous pouvez admirer le travail sur son blog. Je vous y encourage vivement. Sans plus attendre, la couverture, mesdames et messieurs.

Pax Europæ 1. Certitudes, par Karoline Juzanx

Je peux aussi vous donner la date de sortie de ce premier tome (en numérique en tout cas, et si possible en impression à la demande si je me débrouilles bien et dans les temps), et cette date c'est le

23 / 09 / 15

Voilà, la machine est bel et bien lancée ! Rendez-vous fin septembre.

Mais ne vous inquiétez-pas, en attendant j'ai quelques surprises pour vous.

vendredi 14 août 2015

Europunk !

Le 16 avril 2013 paraissait sur le site d'Acta Est Fabula un article de ma plume intitulé "Europunk !". Puisque quelqu'un me l'avait récemment demandé et que le site d'AEF est mort (pour l'instant), on m'a autorisé à le republier ici. J'ai laissé le corps de l'article tel quel, avant d'y ajouter un petit regard rétrospectif en conclusion.



Il est un sujet d’actualité économique, sociale et culturelle auquel on ne peut échapper ces  trois dernières années (et même bien avant cela mais les choses vont en s’exacerbant), et que pourtant la SF de chez nous semble ignorer poliment : L’Europe.

Pourtant héraut des thèmes qui font notre présent et modèlent nos futurs possibles, la SF se désintéresse de la construction européenne comme de l’an 40, alors que jamais depuis Maastricht on n’a connu autant de débats, de projets, de crises, de doutes. Jamais ce projet politique, économique et social inédit qui semble acquis pour beaucoup n’aura autant tremblé sur ses bases. Les citoyens d’Europe sont face à une crise majeure qui remet en cause les lignes de notre futur qui semblaient pourtant toutes tracées. La méthode Monnet est à bout de souffle, le nationalisme revient en force, les bienfaits du supranationalisme sont remis en question, avec le retour de vieux démons que tous les Européens partagent dans leurs différences. Le lecteur de SF d'aujourd’hui, à d’infimes exceptions près, n’a pas connu une Europe sans construction européenne. Beaucoup ne se souviennent pas vraiment de l’Europe sans Maastricht. La nouvelle génération n’a que de vagues réminiscences de ce à quoi ressemblait un billet de franc. Hors, face à ce déferlement de scandales, d’échecs dans un climat de crise, tout cela est contesté sérieusement pour la première fois depuis la création de la CECA. Ce que cela implique, c’est que les Européens font face à un choix crucial : Continuer, ou reculer. Alors qu’avant, on pouvait se contenter de faire du sur-place, la Crise de l’Euro donne un coup de pied dans la fourmilière. Les implications pour notre mode de vie à court, moyen, et long termes sont énormes, et pour beaucoup de jeunes aujourd’hui, inimaginables (bien qu’ils – ou parce qu’ils – ne s’en rendent pas forcément compte). Dans un contexte où de tels bouleversements s’amoncellent à l’horizon, que l’on décide de revenir en arrière ou de poursuivre franchement l’intégration, on aurait pu être en droit d’attendre que les auteurs de SF européens se penchent sur la question. Et bien non.

L’Europe n’est pas glamour, c’est d’ailleurs l’un de ses gros points faibles. L’Europe ne sait pas se vendre, ni à l’étranger, ni même, et c’est bien plus grave, à ses propres citoyens. Toutes ses tentatives de communication ou presque finissent en eau de boudin, et l’Européen lambda ne ressent pour l’Union Européenne qu’un sentiment froid, neutre et vaguement chirurgical – l’efficacité en moins. Est-ce la raison pour laquelle, en langue française, on trouvera si peu d’écris s’intéressant franchement au futur de notre continent ? Personnellement, pour avoir flâné en librairie autant que sur le net, j’en compte trois, dont une traduction. Je nomme ici « L’Ange de l’Abîme » de Pierre Bordage malgré le fait que ça commence un peu à dater (ainsi que d’autres bémols mais là n’est pas la question), « L’insurrection » de Pierre Lévy, et « Super Etat, l’Union Européenne dans Quarante Ans » de Brian Aldiss. C’est pas extraordinaire, vous avouerez, d’autant que « L’insurrection » est un pamphlet communiste « sous forme romanesque » et pas un roman avec un fond critique. Mais tout de même, disons ça compte.

Le livre de Pierre Bordage remonte à 2004, bien avant que la Crise ne frappe l’Europe et ne remette en violemment en cause la fameuse « construction européenne ». En fait, le rejet de la Constitution par la France et les Pays-Bas n’a même pas encore eu lieu. On ne s’étonnera donc pas que l’Europe Unie n’est, dans « L’Ange de l’Abîme », qu’un décor, un accessoire, puisque le sujet réel du livre c’est le fanatisme religieux. Le roman parle de la paranoïa anti-islamique post 11 septembre, sans grande subtilité d’ailleurs, et l’Europe s’y réduit à la France et la Roumanie qui ressemble à la France. L’Europe, son intégration, ses dérives, ses potentiels, ses échecs, ses espoirs, son modèle social, tout cela n’est que vaguement effleuré, au profit d’une dénonciation du christianisme catholicisme appliqué à toute l’Europe. Une fois de plus, je le compte, mais plus par dépit qu’autre chose.

Et puis « Super Etat », bien sûr. Là, un vrai roman de SF qui a pour thème l’évolution sociale (et vaguement politique) de l’UE. Ecris comme une fable d’anticipation fortement et ouvertement référencée à la Huxley, qui enfonce des portes ouvertes avec un sens aigu de la redondance et se perd parfois dans les lieux communs du politiquement correct. Mais bon, c’est Brian Aldiss quand même, hein ! Hourra ! Au moins, on est en présence d’un roman de SF qui prend le temps de réfléchir sur le futur de ce « monstre » supranational qui continue de s’élargir, souffre d’un grave déficit démocratique et s’enfonce dans la crise politique et économique, alors qu’il porte les espoirs de toute une génération de pacifistes d’après-guerre et les fruits de leurs sacrifices. Sauf que voilà : 2002 pour la traduction française, là encore ça commence à dater.

En fait, « Super Etat » est l’exemple célèbre de par son auteur de la littérature d’anticipation sur le futur de l’Europe, parce qu’il est typique : Il est profondément « anti » et il vient de l’autre côté de la Manche. Là-bas, d’autres romans sont disponibles, et bien plus virulents, comme « The AachenMemorandum » de Andrew Roberts, traduit en allemand ou en néerlandais, par exemple, mais pas en français. Est-ce parce que dans cette vision dystopique des États Unis d’Europe la France collaboratrice des méchants fédéralistes allemands nazis a fait ériger des statues de Pétain, grand fédéraliste européen devant l’Eternel ? Je ne saurais dire. Tout ce que je m’aventurerais à dire sur cet épouvantable roman pourtant écris par un « historien » et qui accumule les mensonges et les non-sens historiques au service d’une prose ultra-conservatrice, nationaliste et bigote, c’est que pour la subtilité on repassera. C’est un article du Daily Express fait roman. Et je pèse mes mots. Publié en pleine ère Thatcher – avec tous les raccourcis et les clichés que ça implique, le roman a été réédité tel quel pour « l’occasion » quand l’odeur du sang a envahi les rues d’Athènes.

Subtilité. Originalité.
On notera entre parenthèse que sortir les cerveaux nazis n’est pas l’apanage de Roberts. Dans le roman de politique-fiction « The Budapest Protocole », Adam LeBor base lui aussi son scénario sur l’Union Européenne, un grand plan secret des méchants nazis qui veulent un 4ème Reich, mouahaha. Typique de la mentalité europhobe anglaise qui développe ses théories sans peur du ridicule ni du mauvais goût, lesquelles sont inspirées de patriotisme, nationalisme, xénophobie, « traditions », bref, tout ce que ne sont pas ces odieux nazis européens. Oh… Après on peut aussi accuser la facilité : Une croix gammée sur la couverture, les cathares et le trésor des Templiers caché sous le Vatican, c’est vendeur. Pourquoi ne pas y ajouter Bruxelles pour faire bonne figure ? L’Europe, une fois de plus, ne devient alors qu’un accessoire dans le délire paranoïaque habituel : On vous manipule, on vous ment, on vous vole votre souveraineté. On vous envahi ! Le thème de la collaboration et de l’entraide qui ne fonctionne pas, ou celui des conflits générationnels entre ceux qui ont connu la guerre, ceux qui n’ont connu que les nations en paix, et ceux qui n’ont connu que le supranational, sont éludés. Place aux méchants allemands qui ne cherchent qu’à faire avec l’argent ce qu’ils n’ont pas réussi avec leurs canons. Ça fait (peut-être) un bon thriller, mais ça fait de la mauvaise SF.

Peu après « The Budapest Protocole » sortait « United States of Europe » de Ken Jack, un autre roman « anti » mais avec une autre approche, plus « à la Clancy » sans les détails techniques rébarbatifs, plus dynamique et vif (avec une partie « militaire », à prendre avec des pincettes), et une conclusion au final loin de l’extrémisme de Roberts, cherchant les compromis entre le « trop intégré » » et le « trop isolés ». Louable, donc, et sortant au bon moment… en numérique sur Amazon UK. Une version papier sera plus tard disponible à la demande sur Amazon… COM. C’te blague… Passé complètement inaperçu, le roman n’aurait probablement pas fait date de toute façon. On parle quand même d’un bouquin ou le personnage principal n’est jamais nommé ne serait-ce qu’une seule fois mais constamment évoqué comme « the Prime Minister ». Voilà pour le style.
Sur cinq textes approchant le sujet, quatre sont vraiment pertinents, et sont très, très hostiles ou quand même franchement contre. Soit, ça donne donner le ton, on peut considérer cela comme un baromètre, le signe que tout enthousiasme est perdu, désillusion, tout ça. Mais bon, trois sont anglais. Alors forcément, niveau représentation des mentalités européennes, ou au moins française, on repassera ! C’est d’ailleurs très intéressant de voir que les romans d’anticipation/SF qui s’intéressent à notre futur commun viennent majoritairement du pays à l’europhobie la plus virulente, quand les autres semblent ignorer cet énorme point d’interrogation de notre avenir.

Reste un sixième ouvrage, anglais lui aussi, non traduit lui non plus, « Incompetence » de Rob Grant. Un roman humoristique, grinçant, qui y va fort mais qui, étonnamment, n’est pas anti-européen malgré ce que presque tout pourrait laisser croire. J’ai été vraiment surpris par le message sous-jacent à la fin du roman. Il aura fallu une anticipation humoristique pour voir enfin passer une vision certes profondément critique de la construction européenne et de son devenir, mais qui inclus aussi… une certaine forme d’espoir ?

Car c’est là que le bât blesse. Presque toutes les (rares) fictions sur l’Europe de demain sont extrêmement négatives, pessimistes, voir nihilistes. Rien à sauver au presque, un rejet complet de ce que l’UE est devenue sans trop chercher à réfléchir sur le pourquoi, sur ce qui qui aurait pu être mieux fait, sur les motivations à chercher l’intégration. La plupart des arguments et visions « alternatives » tournent autour de ce simple crédo : C’était mieux avant. Sans jamais imaginer une seule seconde ce qui se passerait si on y revenait, à avant, d’ailleurs. « Aachen », « United States of Europe », même « l’Ange de l’Abîme » dans une certaine mesure, nous amènent jusqu’à la fin du colosse et laissent l’avenir en suspens sans réellement se pencher sur les implications des changements à venir. « Le futur est ouvert ! » oui, « aucune idée de ce qui vient ensuite », non. Nous avons de bien noirs tableaux, sans visions alternatives. On tire sur l’ambulance sans réelle alternative autre que : retournons avant l’accident.

En soit, on peut y voir un indice révélateur de la mentalité de notre époque. S’indigner, se révolter, trouver tout injuste et mal fait, oui, mais tout en peinant à trouver d’autre solution que la régression au passé glorieux, l’Âge d’Or révolu où il y avait emploi, paix et prospérité sur les terres. C’est intéressant parce qu’à l’heure où plusieurs nations européennes s’enfoncent dans ce magma idéologique qui nous a déjà apporté son lot de joyeusetés par le passé dans une pas si sympathique répétition de l’histoire (L’Aube Dorée, vous dites ?), personne, dans la SF actuelle, ne semble intéressé par ce phénomène, ou presque…

…presque, car je tiens à souligner l’excellent projet des Brigades Chimériques. Certes, il ne parle pas de l’Europe telle que nous la vivons ou telle qu’elle évoluera, mais dans sa volonté thématique, cette BD, et l’univers qui en découle, reste l’un des très rares ouvrage de SF à réellement s’intéresser à un thème fort de l’Europe d’aujourd’hui : L’identité européenne, ce mythe, cette légende. On en parle partout, on ne la voit nulle part. Or oui, les Brigades sont de la SF européenne, dans leur style graphique, leurs thèmes, leurs héros, leur contexte. Référençant la culture SFFF européenne d’époque, les Brigades Chimériques parviennent à faire ce que personne ne parvient à écrire/dessiner sur l’Europe actuelle : comment nos cultures sont complémentaires, notre histoire imbriquée, mais comment nous continuons perpétuellement à ne pas nous entendre en dépit de l’évidence même : notre union fait notre force, nos guerres intestines mènent tout le monde au désastre. « Les Super-Héros Européens »…

A l’heure où tout le monde cherche à créer des étiquettes de genres ronflants et tape-à-l’œil, je m’étonne qu’aucun auteur n’ait encore eu l’idée de s’engouffrer dans cette brèche encore pratiquement vierge de la SFFF. Alors puisque qu’aucune célébrité ne s’y colle, je ne vois pas pourquoi je ne créerai pas à mon tour une appellation de toute pièce pour l’occasion.

Ce qu’il nous faut, c’est de l’Euro-Punk.


J’appelle solennellement les auteurs de SFFF européens à qui le futur politique, social et culturel de leur(s) pays fait lever des sourcils inquiets ou pleins d’espoir, de se pencher ne serait-ce qu’un instant sur ce continent en ébullition où 500 millions de citoyens sont peut-être sur le point de faire un pas d’un demi-siècle en arrière. Pour le meilleur ou pour le pire ? A vous de nous en parler.

Que vive enfin l’Euro-Punk !

~.~


Deux après avoir écris ces lignes et lancé cet appel, il est temps pour moi de revenir à l’Europunk pour un petit complément rétrospectif. D’une part parce que suite à des recommandations je peux ajouter un livre à cette liste, bien qu’il date des années 70 et ne soit plus aussi pertinent qu’il le fut certainement en son temps : « Cette chère humanité », de Philipe Curval. Le roman parle certes de l’évolution du Marché Commun mais c’est plus généralement une critique du matérialisme et de la vacuité du mode de vie occidental, plutôt qu’une réelle projection réaliste ou critique du projet européen. D’autres thèmes s’y mêlent également et si l’Europe n’est pas aussi gadget que dans « L’Ange de l’Abîme », le roman n’en fait qu’un thème finalement subalterne. Néanmoins si l’Europunk devenait un véritable genre, ce roman en serait probablement l’un des papys.

D’autre part, la crise grecque s’est entre temps durcie, nous avons l’épisode du référendum, le Brexit est débattu au Royaume-Uni, la question des immigrés clandestins venus des zones de conflit s’impose dans les débats de nombreux États Membres… L’aspect social et humanitaire de la crise européenne s’est encore aggravé depuis la première publication de cet article. Y a-t-il eu du changement dans les rayonnages des librairies ? En fait… pas vraiment. L’Europe n’est toujours pas une préoccupation apparente. L’espoir fondé sur les Brigades Chimériques n’a finalement enfanté qu’un demi-succès via le retour de super-héros « de chez nous ». Mais la dimension européenne et plus large des Brigades s’est perdue en route, et ce qui aura inspiré les auteurs et dessinateurs fut plutôt la réappropriation du concept de super-héros avec (entre autres) le Coq Gaulois ou le Garde Républicain. Je me réjouis de revoir ce genre fleurir par chez nous, mais concernant le sujet qui nous intéresse ici, c’est une petite déception.


De mon côté je fais mon possible pour sortir le tome 1 de Pax Europæ en septembre – oui parce qu’au bout d’un moment ça va bien de critiquer et de dire ce que les autres devraient écrire et/ou écrire mieux, il est temps de faire ma part du boulot. Mais mon appel tient plus que jamais : Il faut intéresser les gens à l’Europe, il faut la rendre sexy.


Que ce soit pour en défendre l’idée ou la combattre, que ce soit pour en rêver une meilleure unie ou chacun de notre côté, que ce soit un pamphlet, que l’on s’intéresse à l’aspect politique ou social, ou les deux, peu importe, je crois qu’il faut redonner aux gens des perspectives sur l’Europe qui ne soient pas simplement des dépêches AFP arides et des déclarations de la Troïka. Car que cela nous plaise ou non, le futur de l’Europe en tant que concepts, en tant qu’institutions, en tant que culture et en tant que peuples, c’est notre futur, et qu’il serait peut-être temps d’y réfléchir sérieusement, et d’essayer d’imaginer des alternatives pour un peu moins de gloom and doom et un peu plus d’espoir.


N’est-ce pas un peu le boulot de la SF ?




PS : En webarchive, l'article initial conservé par cet espion infatigable d'Internet. Vous pourrez y lire mon échange avec Fabien Lyraud qui proposait quelques autres œuvres telles que F.A.U.S.T. de Serge Lehman (scénariste des Brigades Chimériques, justement), notamment. Le Tigre y proposait également deux ouvrages où l'on évoque une Europe fédérée sans qu'elle en soit spécialement le sujet : Misspent Youth et Les Guerres Wess'har.

MAJ : Guillaume Parodi a entendu l'appel et y répond ici. De même, Fabien Lyraud, préférant Eurofuturisme à Europunk, a réagi sur son blog. Je lui répond en retour ici.

mardi 11 août 2015

Cette chère humanité

J'avais écrit pour le compte de Acta Est Fabula un article qui a désormais disparu, mais que je compte republier prochainement, sur le thème de "l'Europunk", un genre qui n'existe évidemment pas  vraiment (encore?) et auquel j'avais donné un nom un peu putassier. Derrière cette provocation il y avait néanmoins l'idée réelle qui se trouve à l'origine dans le suffixe "punk", puisque dans l'idéal je me demandais pourquoi la SF semblait bouder le thème de l'Europe alors qu'il y aurait tant de lignes à bouger dans le domaine, tant de conventions sociales, politiques et économiques à débattre, critiquer, voire briser. Le sujet est sur toutes les lèvres, des questions morales, éthiques et philosophiques se posent (car oui, il y a plus derrière le Grexit ou le Brexit qu'une simple question financière), et pourtant pas grand chose ne vient. Le constat est toujours le même : l'Europe n'est pas sexy.

Et bien à l'époque de la publication de cet article, on m'avait conseillé un ouvrage que j'ai étudié avec attention, depuis, pour pouvoir l'intégrer (ou pas) à ma republication de l'article. Et cet ouvrage va rendre l'Europe non seulement sexy, mais porno. Et aussi psychédélique. Et aussi mystique. Aujourd'hui je vous parle de cette chère humanité, de Philipe Curval.

Résumé : 

La couv qui donne le ton.
Depuis vingt ans, le Marcom — ce qui fut l'Europe du Marché commun — s'est replié sur lui-même, s'est coupé du reste de la Terre. Et une infranchissable barrière de défenses entoure ce monde clos, technologique et irrespirable. Cependant, grâce à une ruse étonnante, Léo Deryme, le montreur de rêves, a réussi à lancer au-dehors un appel au secours et les Payvoides, autrefois « sous-développés », l'ont capté. Belgacen Attia, qui a vécu en Marcom, est envoyé en mission. S'il parvient à franchir le rideau électronique, que découvrira-t-il ? Les Marcomiens qui n'ont plus pour seul recours que la névrose l'accueilleront-ils en ennemi ou en sauveur ?

Alors avant de commencer, je sais qu'on va m'en vouloir parce que monsieur Curval est un grand auteur de SF français, qu'il a gagné des prix (notamment le prix Apollo pour ce roman-même), et que je devrais probablement me montrer plus humble au cours de cette critique. Je m'excuse par avance si je semble un peu présomptueux, voire prétentieux. Ce n'est pas mon intention. Je n'ai peut-être simplement rien compris.

Parce que d'emblée il est évident que lire ce roman de 1976 presque quarante ans après, c'est partir avec un lourd handicap.  L'époque est radicalement différente, les références peuvent l'être aussi, et si certaines thématiques parviennent à paraître pertinentes aujourd'hui, toute la partie mystico-philosophique fait vraiment, vraiment 70's sous acide. On sent le roman des années fascinées par l'éveil des sens et de la conscience au travers de procédés nouveaux à la frontière entre science et spiritualité. Et drogues. Et c'est cool... quand on est dans ce genre de trip. Moi, honnêtement, ce n'est pas mon époque et ça ne me parle pas pareil. Tout ce qui concerne l'exploration du ça, de la limite entre le conscient et l'inconscient, les trip sur les projections oniriques - qui deviennent paradoxalement des super-pouvoirs bien réels - et cette espèce de métaphore multiple du divin à travers de multiples "accès" à l'illumination/super-humanité... moi j'ai trouvé ça beaucoup trop old school et suranné. Ce n'est pas mon école. Question de goûts et de couleurs donc.

Ceci étant dit, si on me l'a conseillé, c'est que le roman a bel et bien un rapport avec ce que je définissais avec provoc comme Europunk. D'ailleurs c'est assez mignon, puisque la projection d'Europe unie de Curval s'appelle Marcom... héritière du Marché Commun (pour ceux qui roupillent, la CEE n'est devenue l'Union Européenne qu'en 1993, dix-sept ans après l'écriture de ce livre). Et contrairement à d'autre livres comme Super-Etat où l'Europe unie semblait un thème mineur, presque esthétique, ici le Marcom a une importance capitale... enfin tant qu'on suit à peu près l'intrigue linéaire et qu'on ne s'égare pas dans les trucs plus space. L'Europe unie y est décrite comme un pays refermé sur lui-même - littéralement - passéiste, immobile, obsédé par les normes et la sécurité, où rien n'est plus naturel ou spontané, où tout est régulé par des commissaires et où on a même appris à ralentir le temps pour profiter plus de ses biens matériels.

Honnêtement j'ai bien aimé la critique pertinente du matérialisme, avec cette obsession d'accumuler tout et n'importe quoi (syndrome du collectionneur, je plaide coupable), ce paradoxe d'améliorer le niveau de vie à l'extrême, d'amasser des richesses, mais de manquer de temps (et d'espace) pour en jouir véritablement. C'est l'une des réflexions les mieux amenées. Egalement, le regard porté sur la fermeture des frontières extérieures du Marcom me semble fort actuel, plus qu'à l'époque paradoxalement, et j'aime ça, même si je me demande à quel point c'était pertinent en 1973. Du moins à l'échelle européenne. Et c'est là que je commence à grincer des dents.

L'expulsion des immigrés pour préserver l'unicité culturelle et ethnique du Marcom sent fortement la France des années 70, quand la main-d’œuvre pas chère venue du Maghreb a commencé a devenir un sujet de préoccupation majeur. On pourrait néanmoins arguer qu'il était donc visionnaire. De même, faire se situer l'intrigue à l'Isle-d'Abeau... bon. A moins d'habiter dans les environs de Lyon vous n'avez probablement jamais entendu parler de cet endroit, comme moi avant la lecture de ce livre. Or, dans la version futuriste de cette ville, on trouve un ministre et l'un des plus influent président de compagnie du Marcom, comme ça, par hasard. Le fait que l'Isle-d'Abeau soit une "nouvelle ville" fondée en 1972 (pendant la rédaction du livre, donc, ou tout juste avant) y est sans doute pour quelque chose. Faut-il y voir le symbole de l'agglomération urbaine galopante face à la nature et aux paysans, ces derniers étant des dissidents vivants hors la ville, dans une zone grise de la légalité ? Si oui, c'est encore une fois une référence bien franco-française, ancrée dans un contexte Français (et pour le coup bien "provincial" si on me pardonne l'expression). En fait, à part dans les 80 dernières pages de ce volume qui en compte près de 600, on ne sort jamais de ce coin de la région Rhône-Alpes, ou presque (des fois on fait des incursions en Auvergne, j'y reviendrai), et lorsqu'on "voyage", c'est en quelques lignes, à la vitesse de l'éclair, de façon quasi abstraite, à Paris et Nuremberg. Pour un texte aux ambitions aussi vastes et un cadre tel que le Marcom, treize états s'étendant de la méditerranée à la Baltique, de l'Atlantique à la Laponie... ça laisse quand même un bon vieux coup de saucisson camembert (un reproche que je faisais déjà à Pierre Bordage pour l'Ange de l'Abîme). On a du mal à croire au Marcom, parce que le Marcom, c'est l'Isle-d'Abeau. Et quand l'auteur essaye de connecter la zone géographique pourtant limitée de son récit au grand tout, c'est pour dire que :

Tout les détritus de tout le Marcom sont liquéfiés et stockés dans un grand lac pollué en Auvergne.

Tout les déchets nucléaires de tout le Marcom sont stockés dans des pyramides spéciales en Auvergne.

Wow, subtil.

Surtout si on entre dans la vision de l'auteur très préchi-précha sur la bonne terre, les paysans, les cultures traditionnelles, et les bons sauvages des payvoides.

Moto nucléaire et pied de table géant ! C'est dans le livre.
Aah, le cliché des payvoides (pays en voie de développement, qui apparemment ont formé un grand pays en guerre contre la Chine). Alors là, monsieur Curval, on sent l'enthousiasme des 70s. Pour bien souligner le contraste entre les Européens (occidentaux ? Français ?) morts dedans, coupés des uns des autres, à l'empathie atrophiée, surprotégés, sans créativité, passéistes et matérialistes au possible, on nous parle des bons sauvages des payvoides, ceux qui bricolent encore des trucs avec trois bouts de cartons et qui sont heureux, mais qui savent aussi égaler la technologie du Marcom quand ça les arrange, qui ne brident pas la création ni l'imagination (futur revendication de mai 68, on sent les racines, c'est assez intéressant), qui ne se sont pas laissés dévorer par le capitalisme et la technologie à outrance - par choix, évidemment ! Aaarg... c'était trop. Les paysans, encore, j'aurais pu accepter parce que ce n'est pas trop appuyé mais là la candeur des payvoides c'est quand même l'espoir ultime du récit, la planche de salut... en fait, ce livre m'a beaucoup rappelé le Wang de Bordage, que j'avais beaucoup aimé et qui avait l'avantage, pour moi, de rester sur une intrigue et de ne pas partir dans des mélanges des genres confus. C'est pareillement moins une réflexion sur l'Europe qu'une opposition Nord/Sud, capitalisme matérialiste contre... bons sauvages / nomadisme. C'est tellement réducteur que ça en devient presque plus insultant pour le Sud, en fait. D'ailleurs, l'autre point commun avec Bordage c'est l'accumulation de scènes de cul qui finissent par vraiment faire tirer le livre en longueur. Non seulement il y en a beaucoup, mais on part dans des délires scatophiles et gores qui m'ont curieusement rappelé les onze mille verges d'Apollinaire, notamment sa scène d'éventrement par le vagin dans l'orient-express, mais je m'égare. Pas spécialement en bien, donc. Encore, dans Wang, il y avait clairement la volonté de créer un contraste entre les occidentaux aseptisés et les orientaux/sudistes qui étaient bien poilus, qui puaient la transpi et faisaient encore ça à l'ancienne. Là je crois comprendre que l'auteur voulait faire quelque chose de similaire mais... on s'égare dans des délires pas forcément très clairs. Du coup j'étais plus souvent agacé comme dans pendant les scènes de cul assez gratuites de l'Ange de l'Abîme.

Après, mon plus gros souci stylistique, c'est que l'auteur parte dans trop d'intrigues qu'il n'arrive à connecter à la fin qu'au prix de plusieurs (!) Deus Ex Machina bien gras et honnêtement pas très bien amenés (Pour ceux qui ont lu le livre et ne sont pas d'accord avec moi : Elil, encore, soit, y avait des mini-indices vagues. Mais les mutants omnipotents, sérieux, tu parles d'un cheveu sur la soupe). Il commence comme une intrigue d'espionnage réaliste, avec critique de la société et commentaire sociologique, puis enchaîne sur l'exploration onirique du subconscient élevé au statut de religion, passe par des épisodes de sexe scatophiles, abuse de notre suspension d'incrédulité en bidouillant les distances et le temps (et je ne parle même pas des incohérences liées aux cabines de dilatation temporelle, hein, non, juste des facilités scénaristiques), et fini sur une réflexion sur Dieu. Ah, j'ai mentionné l'artiste biologiste nain qui porte une cape et crée un couple de mutant omnipotent à base d'insecte prenant forme humaine ?

Bon, voilà, au bout d'un moment faut se décider. Moi j'ai pas adhéré à ce jeu de saute-mouton qui donne moins l'impression d'une exploration complexe d'un sujet qu'un gros délire souvent incohérent rattrapé à la fin par... magie, en fait. Le livre semble avoir du mal à se décider de comment il veut aborder son sujet et ça m'a provoqué de nombreux face-palm. Curval utilise également trop d'astuces d'auteur bien lourdes pour emporter mon adhésion. Exemple : Un personnage veut se baigner, se fait arrêter par un commissaire à la pollution qui veut voir sa carte d'hygiène. On nous explique donc bien lourdement pas un dialogue pas du tout naturel le concept de la carte d'hygiène, des règles de natations, on comprend que le Marcom il est très réglementé, voilà, merci. Et là le commissaire dit que ah ouais, au fait, de toute façon il peut pas se baigner parce que y a plus de service de sauveteur en mer et qu'il n'a pas le droit de le laisser nager. Cette scène, ce dialogue, pue le carton-pâte. Le commissaire aurait dû directement lui dire "pas de sauveteur, pas de baignade". Là du coup les trois paragraphes précédents sont forcés, trop visiblement, et ce genre de ficelle bien évidente se reproduit trop de fois pour qu'on lui laisse passer ça. On ne peut pas non plus montrer que sortir dans les rues c'est se faire contrôler à chaque carrefour puis, sans raison, laisser un club de biker circuler à travers tout le centre-ville sans rencontrer aucune forme de service de l'Etat. Non. Faut rester cohérent, et ça, le livre n'arrive pas le faire. Peut-être ne le souhaite-t-il pas, d'ailleurs. Encore une fois, goûts et couleurs.

ACHTUNG SPOILER

D'autant qu'au final j'ai un peu peur de ce que laisse entendre l'auteur sur le futur du Marcom et le sens que prendra la "révolution". Sans vouloir trop en dire, j'ai l'impression que le Marcom se dirige vers un système soviétique (une "démocratie" qui prône l'autogestion mais où tous les problèmes sont réglés et les besoins remplis par un "dieu" omnipotent mais tout ce qu'il y a de plus humain. voilà voilà) et en fait c'est cool, on peut laisser ça comme ça, tant pis pour eux. C'est quoi le message exactement, après tout ce baratin sur l'inconscient, le surhomme, les mutants, la bestialité, le retour à la nature ? Et quel intérêt d'attaquer constamment le Marcom sur son passéisme maladif qui le pousse à l'immobilisme si c'est pour dire que l'humanité, c'était mieux avant ? Pourquoi reprocher au marcoms de vouloir devenir des dieux immortels si les bons sauvages doivent finir par être mené par un couple de... dieux immortels ? Est-ce que c'est cette fameuse ambition qui manque au "dieu d'appartement" qui règne sur le Marcom ? Si oui, en quoi l'exploration de l'espace est-elle plus noble, plus mûre, plus belle, que l'exploration de l'espace-temps opérée par les marcoms ? Le fait d'être tourné vers les autres ? Mais tous abandonnent le personnage principal en Marcom à la fin, après l'avoir "convaincu" (entendre manipulé) de rester et volé le secret pour en sortir, tout ça parce qu'il "pourrait" éventuellement mener une révolte contre le nouveau Dieu du Marcom, sorte de Soviet Premier que rien ne semble pouvoir perturber. En fait, ils pourraient sortir bien plus de gens du Marcom, l'intrigue sur l'oniropracteur a clairement établi qu'il y avait bien plus de gens fatigués du système que simplement les dissidents bikers. Mais non, on s'en fout, ce sont des marcoms, oublions-les "ce pays n'a jamais existé". On fini même par les nier en tant qu'êtres vivants à la fin. En quoi ceux qui en sont sortis sont plus "nobles" ou dignes de partir vers les étoiles que les condamnés du Marcom ? Tout ça pour finir sur une humanité un peu sauvage suivant ses nouveaux dieux surhommes. Euh... moi, perso, je trouve que cette fin est plus qu’ambiguë, et moins porteuse d'espoir que le texte n'essaye de me le faire croire.

FIN DES TROP GROS SPOILERS

Et c'est là qu'on touche mon plus gros souci thématique. Nous étiez alors en 1973. Le plus gros reproche qu'adresse Curval au Marcom c'est cet immobilisme passéiste qui se tourne vers sa gloire passée, qu'il veut faire revivre en carton pâte dans un temps qui s'arrêterai à jamais. Mais c'était à l'époque de la création de la Communauté Européenne, l'un des rares moments de l'Histoire de l'Europe où on a justement regardé vers l'avenir, changé les règles du jeu, innové, et arrêté de reproduire ce même cycle historique qui n'avait cessé de conduire nos états à la ruine. Ce que reproche Curval, c'est l'état de la France dans les années 70, et à mon sens, en mélangeant le côté procédurier et réglementaire de la CEE à son grief bien de chez nous (et j'en reviens à tous ces éléments franco-français), je pense que Philipe Curval se trompait alors de cible.

Il y a des choses qui tapent juste, mais les plus grosses salves, pour moi, tapent à côté. Et encore, j'accepte qu'on considère l'ingérence de la CEE dans les normes d'hygiènes et de sécurité etc. parce que je saisis la critique de l'excès, mais encore une fois, les attaques à base de "on ne peut même plus vivre dangereusement et dans la saleté comme avant si on a envie" c'est mignon, c'est très 70's, mais ça fait pas très sérieux au bout d'un moment. Il y a aussi les réflexions qui à l'époque étaient probablement encore audacieuses (la religion et la politique étant deux faces d'une même médaille, celle du système que tout deux s'évertuent à entretenir) mais qui aujourd'hui n'ont plus le même impact, forcément, bien qu'elles restent intéressantes. Les concepts classiques mais toujours efficaces des conflits/harmonies homme-femme, père-fils, rêve-réalité (nord-sud, également) sont très présent également, même si encore une fois, quarante ans après, on commence à avoir un sentiment de redondance. (Néanmoins si vous aimez le concept de base d'Inception, lisez ce livre et découvrez l'Inception de 1973).

Du coup, cette chère humanité est-elle de l'Europunk ? Est-elle une projection de l'Europe à venir (ou qui aurait pu venir) ? Assurément. Est-elle pertinente dans ce registre ? Je n'en suis pas convaincu. En revanche, un amateur de SF orientée vers la métaphysique, l'onirisme, la spiritualité, et l'esprit drogue des années 70 y trouvera son bonheur, j'en suis sûr. Car la critique du Marcom en tant que telle est finalement assez basique et assez pauvre. En revanche la réflexion sur le matérialisme et l'onirisme, elle, est le véritable cœur de l'histoire. C'est un fourre-tout et en tant que tel, on peut toujours tomber sur des passages chouettes, donc contrairement à l'Ange de l'Abîme je ne le déconseilles pas. Pour ma part je suis déçu, mais restent de bons prémisses, et un joyeux bordel.



Et pour finir, comme je l'ai fait pour les autres récits d'Europe unie, un petit résumé de ce qu'on sait sur cette version d'une "fédération européenne", le Marcom :

Déjà le Marcom est une fédération de fédération (puisqu'il y a une fédération française et des organismes "inter-fédéraux"). Les langues officielles sont l'anglais et le français. Les gens "ne votent plus pour des hommes mais des idées / des programmes" (ce qui est présenté comme une mauvaise chose, d'ailleurs...), puis le parti décide de qui les appliquera... en secret. Car oui, les ministre du gouvernement sont anonymes et inconnus du public (être découvert c'est perdre sa place), et s'appellent même "le gouvernement secret". Le système est naturellement autoritaire sans l'admettre, ultra-sécuritaire, ultra strict, etc. Les treize nations sont harmonisées juridiquement et culturellement - matérialisme, capitalisme, vous avez compris la chanson - mais compensent du coup en développant de fortes identités régionales (on nous le dit, mais ça n'a absolument aucun impact sur le récit, on ne s'en rend jamais compte). Il y a évidemment du corporatisme, la religion est mal vue, les dissidents sont bannis dans des zones de non-droit et l'ensemble est fermé au reste du monde par un réseau de défense infranchissable. D'ailleurs, c'est rigolo, la Suisse se retrouve coincée et hors d'accès, donc pauvre. Haha, ironie. De fait, il n'y a pas d'armée et une faible force de police, le système automatique de défense et de sécurité se chargeant d'assurer l'ordre. A noter également que la fermeture des frontières extérieures et le bannissement des immigrés fut le fruit d'un référendum.