lundi 22 octobre 2012

EuroFail 2 : Le retour, ou Europe4All

Aujourd'hui nous allons constater que les choses ne s'améliorent pas du côté de la promotion de l'UE. Vous pensiez qu'on avait touché le fond ? Et bien non. Financièrement soutenu par la Commission Européenne, le projet Europe4All a fait parler de lui pour son affiche pour le moins... charmante. Oui, le manque de jugeote a encore frappé, je vous laisse juge :


Bon, alors, une seule étoile, unité, tout ça, check. Toutes les confessions religieuses ou philosophiques rassemblées, check. Les communistes, chePARDON ?? Quelqu'un peut-il me dire ce que le marteau et la faucille font là ? Le communisme est-il devenu une religion et l'on ne m'a pas informé ? Oh, et quelqu'un s'est-il seulement demandé ce que les habitants de l'Europe de l'Est, ex-membres de l'URSS, peuvent penser de ce genre d'assimilation ? Apparemment pas les membres de Europe4All, qu'à cela ne tienne, d'autres ont pris le relais :

Pas mal de choses à lire au travers de cette parodie. On sent bien l'orientation politique derrière.

La perche fut trop tentante, et des parodies plus ou moins inspirées ont vu le jour. On peut en penser ce que l'on veut, mais il y a un point sur lequel je suis bien content, c'est la présence de swastika. Parce qu'elle permet à des citoyens d'Europe de l'Ouest de s'imaginer ce que peut ressentir un Européen de l'Est quand on promeut l'UE à coups de marteaux et de faucilles, tout en ayant comme thème sur sa page principale :
-L'Europe Politique:
Pour une Europe démocratique

Le manque de tact, et tout simplement de réflexion, est tellement criant que ce genre de rappel parodique n'est finalement pas si inutile que cela, ni si grossier.

Encore moins "subtil"
Si on nous montrait des croix gammées au milieu d'une affiche prônant l'unité, comment réagirions-nous ? En fait, la question semble tellement absurde qu'on ne se la pose même pas. Là où les efforts des européistes devraient se porter n'est pas tant de savoir comment promouvoir l'Europe mais à qui. Et la réponse c'est : les Européens. Tous les Européens. Et le genre d'affiche que Europe4All a produit est destiné à des Européens de l'Ouest. Or si on veut défendre les idées d'intégration, d'identité européenne, de solidarité à l'échelle du continent, etc., il faudrait peut-être commencer à l'appliquer à la façon dont on communique sur ces idées. En l'état, l'UE et les fédéralistes (sponsorisés par la Commission la plupart du temps) semblent se prendre à dessein les pieds dans le tapis, comme une sorte de running-gag dont ils ne se lassent pas. Et à force de produire des campagnes qui disent tout et leur contraire, de promouvoir l'Europe des 28 comme on pouvait promouvoir l'Europe des 15 ou l'Europe une et indivisible, ils vont finir par se mettre à dos même les citoyens habituellement sympathisants.
Et sans compter, naturellement, la grosse claque à l'épaule de tous les eurosceptiques d'extrême droite qui n'ont pas manqué de faire remarquer qu'il y avait plus d'étoiles de David (ou même de Croissants) que de Croix, et qu'ils avaient raison depuis le début : "L'Europe c'est les cocos et les juifs, ma bonne dame ! J'l'ai toujours dit" Comme on peut le voir sur Google assez rapidement (j'emprunte d'ailleurs une illus d'un blog qui semble penser que ses lecteurs moyens ne peuvent pas retrouver les honnis symboles par eux-mêmes. En même temps, il connaît mieux ses lecteurs que moi.)


On n'est finalement pas loin des fameux :


Non content d'insulter un bon tiers des États Membres, le poster tend à ses détracteurs d'extrême droite un bâton magistral pour se faire battre. A un moment où les nationalismes s'exacerbent (au point qu'en Grèce l'Aube Dorée tabasse des immigrants dans la rue en plein jour et personne ne moufte, même au niveau des autorités), était-ce bien nécessaire ?

Je sais que je me répète avec cet article, mais les européistes qui se tirent des balles dans le pied dès qu'ils tentent une opération de communication ça me met hors de moi. Ils ont l'argent, ils ont des équipes entières, et ils ne sont pas foutu de réfléchir cinq minutes.

Heureusement, bientôt un article beaucoup moins triste, puisqu'il s'agira d'une nouvelle chronique de Jeu de Rôle. Au programme : des soldats de l'Eurocorps qui arrosent abondamment l'anniversaire de leur caporal avant de finir dans un bar de triste réputation... et un retour à la caserne rocambolesque. Un peu de patience !