mercredi 7 novembre 2012

Brève humoristique, ou de l'ami Google

Quelque part, voir associer "Nuit de folie au White Fire" au futur de l'Eurocorps me terrifie autant que cela me flatte.

Voir un clampin francophone de l'armée américaine chercher "futur de l'eurocorps" sur Google me fait juste rire.

samedi 3 novembre 2012

Nuit de folie au White Fire.

Chose promise chose due. Après une nouvelle partie sur Rolisteam, le compte-rendu ! Cette fois c'est Nico qui s'y colle (merci à toi !) et nous donne un bon aperçu du Dé de la Lose. Il faut dire qu'ils se connaissent bien.
A propos du système de jeu : Le dé de la lose est un D6 additionnel à la plupart des autres jets, représentants les aléas de la guerre. Sur 4 à 5, aucun effet. Sur 6, le joueur relance son jet initial et cumule les résultats like a boss. Sur 1, le joueur relance le jet initial mais... soustrait le nouveau résultat au précédent. Comme c'est généralement ce qui se passe, cela explique le surnom de ce dé.



Une chose ne change pas, quel que soit la nation, la culture, l'époque, l'endroit : une bonne publicité peut faire vendre n'importe quoi. Une bonne rumeur aussi. C'est pourquoi, quand le caporal Erik Pöltsz décide de fêter son anniversaire par une tournée des bars locaux, il en conclue (enfin, ses potes) que tout finira dans l'endroit le plus en vue du moment. Un bar que tout les soldats connaissent au moins de réputation. Le plus en vue, et pour cause : il semblerait qu'il y en ait un près de chaque caserne. Conspiration gouvernementale ? Franchise à succès ? Véritable compréhension du mode de vie et des attentes des vaillants soldats de l'Eurocorps ? Nul ne le sait, mais le caporal et ses amis se sont courageusement élancés pour en découvrir les bienfaits et les secrets, quitte à sacrifier une part importante d'eux-mêmes : leurs vessies.
Après de glorieux assauts contre des établissements aussi prestigieux que le Mumba Club, le Tropico, le Cocktæl et le Madrid's, les soldats Anton Strøbhein, Mac Adams, Charles Périgord et Nathan Carridge s'élancèrent à la suite du caporal vers ce qui me semble mériter une citation (en anglais dans le texte), légèrement modifiée pour coller au contexte :
These are the Cubans, baby. This is the Cohibas, the Montecristos. This is a kinetic-kill, side-winder vehicle with a secondary cyclotrimethylenetrinitramine RDX burst. It's capable of busting a bunker under the bunker you just busted. If it were any smarter, it'd write a book, a book that would make Ulysses look like it was written in crayon. It would read it to you. This is my Eiffel Tower. This is my Rachmaninoff's Third. My Pieta. It's completely elegant, it's bafflingly beautiful, and it's capable of reducing the population of any standing structure to zero. I call it "The White Fire."
- Justin Hammer, Iron Man 2

L'idée qu'ils s'en faisaient.
Et tout bien réfléchi, je trouve que la citation colle très bien avec l'endroit. Quoiqu'on pourrait plutôt l'appliquer à ses occupants, mais ceux qui ne sont pas dans la confidence et ne connaissent pas l'histoire du White Fire ne peuvent pas comprendre. Heureux soient-ils.

Toujours est-il que les cinq valeureux guerriers, héros (en devenir) de l'Eurocorps et futurs sauveurs de l'humanité, se garèrent devant l'établissement et entamèrent l'assaut. A part Charles qui conduisait, les autres membres de l'équipée étaient déjà bien amoch...imbib...atteints dirons-nous. en terme de jeu, et nous ne l'avons su qu'après-coup, ceci équivaut à une perte de 3 points d'attributs, un par colonne. Et je peux vous dire que perdre 1 point de Force sur 3, ça fait mal.
Un à un, les soldats pénètrent dans le bar et, en terme de jeu, c'est bien entendu une excellente façon d'introduire son personnage, dont les autres joueurs ne connaissent ni les caractéristiques ni les tendances. Ainsi, nous découvrons Anton charmeur très sûr de lui, Mac buveur devant l'éternel, Nathan snob et british, Charles visiblement inquiet par l'état de ses compagnons de beuverie (mais beaucoup moins par celui de la populace locale). Et bien sûr, le héros de la soirée, le Caporal Pöltz, complètement beurré.
L'idée qu'ils en ont depuis

Les hostilités commencèrent bien, Mac et Anton se précipitant immédiatement vers tout ce qui porte un décolleté avec plus ou moins de tact (soyons clair, Mac était celui qui manquait le plus de tact, et c'est un euphémisme). Charles et Nathan, de leur côté, s'invitèrent à une grande table en compagnie de consommateurs locaux et s'intégrèrent bien rapidement à la population : en à peine quelques secondes de jeu, deux Môssieurs pas contents provoquèrent les braves troupes de l'Eurocorps et, après un bref échange d'amabilités qui fut une autre occasion de dévoiler la personnalité de chaque protagonistes.
 
 
Un bon jet de charisme d'Anton, sourire colgate inside, désamorça la situation pour un temps. Après tout, que faire face à 5 uniformes de l'Eurocorps (ou 6, quand on a trop bu, n'est-ce pas Anton) ? Mais l'intérêt plus qu'appuyé de Mac pour la jolie serveuse aura des conséquences...
Et c'est là que les ennuis commencent, si je puis dire. Le MJ n'ayant rien trouvé de mieux à faire que de ridiculiser le pauvre caporal et de vouloir le faire grimper sur un des podiums pour stripteaseuse, sous les encouragements enthousiastes de Charles, et pour mon plus grand malheur. Oui, mon plus grand malheur personnel, car quelque part j'étais sûr que la malédiction s'abattrait. Cette vieille et insidieuse déveine qui me poursuit en jeu depuis plusieurs années (Flo et Kevin peuvent en témoigner, bien que Bizarman et Galadas en ait eu un aperçu à présent) s'apprêtait une fois de plus à me harceler. Donc, pour résumer : bien évidemment le MJ demande à ce qu'un joueur aide le caporal. Bien évidemment, il lui demande un jet de dé. Bien évidemment, je me propose et tente le coup. Et bien évidemment je fais 9. Avec un dé de la loose à 1 (qui n'a aucune conséquence, à part annoncer la fin du monde, vous verrez ensuite), et je rate lamentablement mon jet sous les vannes d'Anton. Je réussis heureusement au second essai. Mais le caporal se vautre et je retourne l'aider. Mais quelle idée. MAIS QUELLE IDEE ?!
A ce stade, voilà comment la soirée risque de tourner...

Et je fais exactement le même score. Le même, avec le même dé de la loose, qui comme à chaque fois m'oblige à retirer le dé et à retrancher le résultat au total obtenu au départ. Un coup d'œil aux règles suffit pour se rendre compte que les choses peuvent dramatiquement tourner. Sous les quolibets des locaux, Nathan se vautre donc littéralement à nouveau et doit attendre que Charles vienne l'aider. Et Kevin, qui joue le personnage, réussit à faire...1 au dé de la loose. Heureusement que son score original était très élevé. Et Kevin de refaire 1 au dé la loose pour aider le caporal à aller sur ce fichu podium ! On en est déjà à trois 1 sur 5 jets, et on aurait dû jouer au loto ce jour là. Heureusement, j'ai réussi un jet prodigieux par la suite pour que le caporal puisse ENFIN commencer sa danse du ventre.


Evidemment, Flo, qui servait de MJ, s'en est donné à cœur joie et n'a pas manqué de faire en sorte que ses PNJs se foutent de nous au passage. Mais quelques bons jets de dé de Flo pour la capacité de séduction du caporal se sont révélés bons et, au grand dam des habitués du White Fire, Erik commença à intéresser une des filles ! le fait que Charles et Anton se mettent tous les deux à la recherche d'une femme n'a pas dû arranger l'affaire.

Et pour continuer dans la déveine : test d'endurance, la vessie de Nathan ne résiste pas : 1 au dé de la loose ! Donc, tandis qu'Erik fait la danse du ventre et que les trois autres partent en chasse, Nathan est obligé d'aller se soulager. Aux toilettes, Evidemment, il devait se passer quelque chose. Et bien non : grâce à mes fantastiques jets de dés, Nathan ne put que se résoudre à écouter une furieuse partie de jambe en l'air dans la cabine d'à côté. Et après un jet raté pour les faire cesser, ce fut pire !
Pendant ce temps là, Anton emballait une somptueuse créature rousse grâce à un jet de folie, avec succès critique. Ce devait être la goutte d'eau, car une bonne partie des hommes de l'établissement se levèrent pout en découdre avec les dragueurs. Quelques excellents jets de dés permirent aux joueurs d'entamer la bagarre dans de bonnes conditions (et en gardant les filles, s'il vous plaît).
Ce dont ils croyaient avoir l'air.


Jusqu'à ce que j'obtienne un nouveau...1 qui, pour déterminer l'ordre d'action des personnage, me fit passer en dernier alors que j'avais réussi un fantastique jet de discrétion pour m'approcher par derrière. Bière frelatée, je vous dit. Au cours de la bagarre, Anton s'approcha et essaya d'impressionner nos adversaires à grand coup de sourire fullbright. Echec total (1 au dé de la loose, à nouveau). Ce fut donc autour des barmen de venir nous chercher des noises.

Les choses évoluèrent vers une façon plus vicieuse de régler le conflit : détourner l'attention. Mac Adams prit donc un malin plaisir, grâce à un jet de dés réussi, à provoquer un groupe pour l'envoyer sur ses agresseurs grâce à quelques insultes bien senties. L'alcool a aidé, je n'en doute pas.
Charles et Nathan réussirent enfin à s'occuper de leurs propres agresseurs, prirent la fille et la poudre d'escampette, s'enfuyant à la suite de leurs camarades...en se rendant compte qu'ils avaient oublié le caporal, qui continuait à danser. Nathan se précipite, fait un jet pour convaincre Erik et...je fais un 1 au dé de la loose. Pas suffisant pour me faire rater, mais je tenais à faire remarquer le nombre de 1 que j'ai fait durant cette partie. Bien sûr, j'aurais dû attendre qu'il vienne avec moi avant de prendre la fuite.
Tandis que l'équipage grimpe en voiture et se prépare à faire une entrée fracassante au White Fire pour sauver le caporal, nous nous rendons compte que les pneus sont crevés. Heureusement que Charles sait comment voler une voiture...mais le soulagement fut de courte durée avec l'arrivée de la police. Une seconde après avoir démarré en trombe, nous nous arrêtons à 2 mètres de la porte d'entrée : on a encore oublié le caporal. Trop tard, les policiers sont déjà dans le bar, appelé pour des troubles à l'ordre publique. Complètement ivre, Mac n'a pas trouvé de meilleure idée que de montrer son postérieur à Erik, qui le remarqua et...cria aux policiers que ses potes l'attendaient.

Nous voilà interrogés par la police. Tout le monde se retrouve sur le trottoir : flics, soldats, nanas. S'ensuivent quelques tentatives pour négocier une retraite en douceur. Un magnifique échec de Charles (1 au dé de la loose...ça étonne quelqu'un ?) et un des policiers remarque que la voiture est fracturée. Quelques échecs plus tard, nous sommes incapables de justifier notre situation, et il faudra la découverte involontaire d'un policier pour nous offrir une opportunité : la superbe rousse d'Anton est un magnifique transsexuel ! L'occasion étant trop tentante, Nathan fait un geste obscène en direction des occupants du bar, qui regardaient goguenards. Furieux, il commencèrent à sortir et ce fut l'occasion de pousser les policiers vers cette nouvelle menace avant de nous enfuir lâch...héroïquement, avec une des filles (Charles ayant perdu la sienne durant l'opération). Poursuivis par la police, nous fouillons le véhicule à la recherche d'objets utiles. Je fouille la boîte à gant : je fais 1 sur 100. Je ne vous cache pas que c'est un échec. Je découvre toutefois un GPS qui nous fera à coup sûr repérer. J'essaie de l'arracher et...je fais 1, non pas au dé de la loose, mais au jet premier, et j'échoue lamentablement. Pendant ce temps là, Charles roule...tranquillement. Ais-je déjà précisé qu'il n'avait jamais roulé depuis qu'il a le permis ?
 
Et qui sait conduire.
Ambiance survoltée : Charles et Mac commencent à se chercher des poux et, quand le MJ leur demande de faire un jet pour garder leur sang-froid...double 1 aux dés de la loose. En revanche, Charles fait un superbe jet pour humilier Mac devant sa nouvelle conquête ! Quant à moi, le MJ me demande de faire un jet pour maîtriser mes nerfs...que je rate évidemment. La fille a volé dans la rue, juste avant que Charles n'en vienne directement aux mains avec Mac. je vous rappelle qu'il conduit. Heureusement, Anton réussit un beau jet de charisme pour calmer le jeu mais, à l'approche de la caserne, il ne reste que très peu de temps (couvre-feu à minuit !). Après un jet de dé de Mac, il est décide d'incendier le véhicule pour faire disparaître toute trace, le reste consistant à regagner la base avant la fermeture des portes.
 
Le niveau général durant le retour à la caserne.
 Et je ne peux que vous mentionner ces derniers jets : Mac, 1 au dé de la loose (jet raté), Charles, 1 au dé de la loose (jet raté), Nathan (suspense) 1 au jet de base, 1 au dé de la loose, 1 à la relance ! J'ai bien évidemment raté ce jet comme mes compagnons de route. Seul Anton s'en sort bien et finit par motiver la troupe pour "réussir sa mission", c'est-à-dire rentrer à la maison.

Que retenir de cette partie ? Fun, et complètement foireuse. Une excellente occasion de montrer que, même dans un jeu qui tire ses fondements d'une situation de guerre internationale et qui d'ordinaire nous entraîne dans des batailles héroïques, il est possible de faire du roleplay sans tuer personne ni brandir une seule arme. Le scénario n'avait pas l'ambition d'une grande campagne, mais a mine de rien permis de créer une certaine solidarité entre des personnages complètement débutants, et de dégager des traits de caractère qui pourront à l'avenir être développés. Après tout, survivre ensemble à une soirée de beuverie engendre des liens inaltérables, n'est-ce pas ?
"Oublie que vous avez ENCORE oublié le capo."

Quand je dis foireuse, je ne parle pas de la façon dont elle a été menée, mais la façon dont les dés nous ont traités. ce fut une succession d'échecs magistraux et de situations délirantes que nous ne pourrions même pas imaginer. Les dés provoquent des choses inattendues, souvent intéressantes, parfois calamiteuses, mais toujours amusantes. Mon dieu, j'ai rarement fait autant de 1 dans une partie, et j'ai des témoins pour attester de mon manque de chance chronique. Mais après tout, c'est ça qui fait le charme d'un après-midi de jeu, se faire gentiment maltraiter par le destin. Je note par ailleurs que jouer en ligne se rapproche au final tout à fait d'une partie "in real life" : même déveine, même situation loufoque. J'ai pour ma part bien ri. Une bonne note pour le logiciel, très pratique et relativement facile d'accès, qui permet en plus des choses que nous ne pourrions que difficilement réaliser en étant dans une même pièce : scinder les conversations pour maintenir le secret entre des personnages séparés ou qui ne perçoivent pas la même chose au même moment. J'entrevois là des possibilités fantastiques pour des scénarios plus axés sur la coopération et l'intrigue.

Un grand merci aux participants et au MJ pour ce bel après-midi. J'espère que cette sacrée bande de soiffards aura l'occasion de se retrouver lors d'une mission épique pour le bien et l'honneur de l'Eurocorps.

Et n'oubliez pas, braves gens : l'alcool, c'est mal. 
 

lundi 22 octobre 2012

EuroFail 2 : Le retour, ou Europe4All

Aujourd'hui nous allons constater que les choses ne s'améliorent pas du côté de la promotion de l'UE. Vous pensiez qu'on avait touché le fond ? Et bien non. Financièrement soutenu par la Commission Européenne, le projet Europe4All a fait parler de lui pour son affiche pour le moins... charmante. Oui, le manque de jugeote a encore frappé, je vous laisse juge :


Bon, alors, une seule étoile, unité, tout ça, check. Toutes les confessions religieuses ou philosophiques rassemblées, check. Les communistes, chePARDON ?? Quelqu'un peut-il me dire ce que le marteau et la faucille font là ? Le communisme est-il devenu une religion et l'on ne m'a pas informé ? Oh, et quelqu'un s'est-il seulement demandé ce que les habitants de l'Europe de l'Est, ex-membres de l'URSS, peuvent penser de ce genre d'assimilation ? Apparemment pas les membres de Europe4All, qu'à cela ne tienne, d'autres ont pris le relais :

Pas mal de choses à lire au travers de cette parodie. On sent bien l'orientation politique derrière.

La perche fut trop tentante, et des parodies plus ou moins inspirées ont vu le jour. On peut en penser ce que l'on veut, mais il y a un point sur lequel je suis bien content, c'est la présence de swastika. Parce qu'elle permet à des citoyens d'Europe de l'Ouest de s'imaginer ce que peut ressentir un Européen de l'Est quand on promeut l'UE à coups de marteaux et de faucilles, tout en ayant comme thème sur sa page principale :
-L'Europe Politique:
Pour une Europe démocratique

Le manque de tact, et tout simplement de réflexion, est tellement criant que ce genre de rappel parodique n'est finalement pas si inutile que cela, ni si grossier.

Encore moins "subtil"
Si on nous montrait des croix gammées au milieu d'une affiche prônant l'unité, comment réagirions-nous ? En fait, la question semble tellement absurde qu'on ne se la pose même pas. Là où les efforts des européistes devraient se porter n'est pas tant de savoir comment promouvoir l'Europe mais à qui. Et la réponse c'est : les Européens. Tous les Européens. Et le genre d'affiche que Europe4All a produit est destiné à des Européens de l'Ouest. Or si on veut défendre les idées d'intégration, d'identité européenne, de solidarité à l'échelle du continent, etc., il faudrait peut-être commencer à l'appliquer à la façon dont on communique sur ces idées. En l'état, l'UE et les fédéralistes (sponsorisés par la Commission la plupart du temps) semblent se prendre à dessein les pieds dans le tapis, comme une sorte de running-gag dont ils ne se lassent pas. Et à force de produire des campagnes qui disent tout et leur contraire, de promouvoir l'Europe des 28 comme on pouvait promouvoir l'Europe des 15 ou l'Europe une et indivisible, ils vont finir par se mettre à dos même les citoyens habituellement sympathisants.
Et sans compter, naturellement, la grosse claque à l'épaule de tous les eurosceptiques d'extrême droite qui n'ont pas manqué de faire remarquer qu'il y avait plus d'étoiles de David (ou même de Croissants) que de Croix, et qu'ils avaient raison depuis le début : "L'Europe c'est les cocos et les juifs, ma bonne dame ! J'l'ai toujours dit" Comme on peut le voir sur Google assez rapidement (j'emprunte d'ailleurs une illus d'un blog qui semble penser que ses lecteurs moyens ne peuvent pas retrouver les honnis symboles par eux-mêmes. En même temps, il connaît mieux ses lecteurs que moi.)


On n'est finalement pas loin des fameux :


Non content d'insulter un bon tiers des États Membres, le poster tend à ses détracteurs d'extrême droite un bâton magistral pour se faire battre. A un moment où les nationalismes s'exacerbent (au point qu'en Grèce l'Aube Dorée tabasse des immigrants dans la rue en plein jour et personne ne moufte, même au niveau des autorités), était-ce bien nécessaire ?

Je sais que je me répète avec cet article, mais les européistes qui se tirent des balles dans le pied dès qu'ils tentent une opération de communication ça me met hors de moi. Ils ont l'argent, ils ont des équipes entières, et ils ne sont pas foutu de réfléchir cinq minutes.

Heureusement, bientôt un article beaucoup moins triste, puisqu'il s'agira d'une nouvelle chronique de Jeu de Rôle. Au programme : des soldats de l'Eurocorps qui arrosent abondamment l'anniversaire de leur caporal avant de finir dans un bar de triste réputation... et un retour à la caserne rocambolesque. Un peu de patience !

dimanche 30 septembre 2012

De la mortalité des personnages, ou pourquoi le héros doit savoir laisser sa place

Rah, quelle classe, je sens que je vais adorer ce persTCHACK
La cycle du Trône de Fer et la nouvelle série télé adaptée sont des succès qui marquent les lecteurs/spectateurs notamment (mais pas que) par la mortalité de leurs personnages principaux. Tout le monde peut y passer, même - ou plutôt surtout - les personnages que l'on a appris à aimer, qui sont au centre de l'intrigue, qui mènent le récit. Des persos qu'on croyaient voir installés dans un archétype meurent soudainement, et l'avenir des survivants est donc totalement incertain. J'ai pour ma part adhéré à cette façon de faire, pour son réalisme et le suspense que cela entretient au court du récit. On sait que l'on doit s'attendre à tout, et que rien n'est moins sûr que la survie des "héros". 

Je ne me suis posé la question que récemment, suite à l'entreprise sérieuse de l'écriture du tome 4 (devenu tomes 7 et 8). Beaucoup de personnages principaux étant morts entre temps, se posait le problème de savoir si le lecteur continuerait à suivre l'intrigue avec un casting plus ou moins drastiquement renouvelé, ne conservant que quelques vétérans traçant leur chemin malgré les pertes. Lorsque j'ai trituré le projet de tome 4, et ça a duré un moment, c'était l'un de mes défis majeurs. Je n'avais pas encore prêté attention au Trône de Fer et malgré de bons échos ce n'était pas encore l'énorme machine de guerre que "tout le monde à lu/vu, tout le monde adore", et je n'avais donc pas encore d'exemple concret où ce cas de figure parvenait à accrocher le lecteur. En règle général, le(s) héros est un fil conducteur, sans lui, beaucoup décrochent, même s'ils aiment l'univers. Même les récits à tendance réaliste attendent généralement la fin pour achever le héros, qui s'il meurt, n'abandonne pas ses camarades avant d'être sûr que "C'est dans la poche les gars (meurt l'âme en paix)". Le réalisme se borne souvent à ce que le ou les héros meurent, car oui, dans la vraie vie on meure, mais pas tout de suite, hein, faudrait pas que les autres persos aient à se débrouiller sans eux ! J'ai pour ma part subi ce schéma concernant certains personnages, sur trois tomes, même si beaucoup de personnages secondaires importants y passaient les uns après les autres. Mais pour écrire le tome 4, j'avais deux choix possibles :

-Modifier le tome 3 pour ne pas tuer certains de mes persos.

-Continuer sans eux.

Et l'idée de saborder le climax émotionnel du tome 3 me paraissait totalement idiot, c'est l'un des moments que je préfère de toute l'histoire. Restait donc : continuer sans eux. Une poignée du groupe d'origine survie, deux des personnages majeurs sur quatre ont survécu, une pelletée nous négligeable de persos secondaires importants sont morts. Oui, mais le sort des États Unis d'Europe n'est toujours pas réglé, et il faut bien que quelqu'un se charge de finir le travail laissé en plan (J'avais une fin très ouverte et, il faut l'avouer, sans trop d'espoir...). Et j'avoue, j'ai adoré choisir cette option. Pas juste pour être réaliste, pas vraiment pour le suspense non plus, comme celui que je ressens avec le Trône de Fer, mais pour une thématique qui me touche beaucoup : Quand les héros est mort, quand le chef n’est plus là pour prendre les décisions, qui prend sa place ? Comment les autres gèrent-ils cette soudaine absence de leader ? 

"Désolé, on m'a chargé de moderniser ta fonction..."
De fait, même si certains sont morts, ils sont toujours là. Leur présence se fait sentir à travers l'héritage qu'ils laissent derrière eux et cette question récurrente "Qu'auraient-ils fait ?". Certains vétérans se raccrochent à cette présence fantomatique et essayent de suivre la "voie" que feu leurs amis ont tracé avant eux, d'autres se refusent à vivre dans le passé et apprennent à faire leurs propres choix, arpenter leur propre chemin. C'est une thématique qui m'a séduit et encouragé à écrire un tome 4. Les héros sont morts ? Vivent les héros ! Quand les personnages principaux meurent, les personnages secondaires prennent leur place, étendent leurs ailes et prennent leur envol. Cela replace le principe du personnage principal en perspective, sans utiliser la technique des changements de points de vue par tome/chapitre/cycle. Des persos qu'on aura vu dans l'ombre d'un héros doivent soudain prendre le relais. Seront-ils "à la hauteur" ? Doivent d'ailleurs se poser la question ? Pourquoi le devraient-ils ? Doivent-ils seulement remplacer les disparus en calquant leurs méthodes et leurs philosophies ou, plus simplement, prendre les rennes de leur destin et tracer leur propre route, imposer un nouveau style ? Voilà qui me semblait intéressant dans le fait de tuer des personnages principaux avant la fin (bien avant, désormais...). Cela reste dans une logique réaliste - nul n'est immortel - mais surtout cela m'offre l'occasion de réfléchir sur le rôle du meneur à travers, paradoxalement, son absence.

mardi 25 septembre 2012

"Les Etats Unis d'Europe" de Charles Lemonnier, ou l'Europe de Kant

Ayant mis la main sur un ouvrage que je cherchais à acquérir depuis un moment, je me suis lancé préalablement dans la relecture d'un petit livre, presque un manifeste, à travers la bibliographie duquel j'en avais trouvé la référence. L'ouvrage récemment reçu s'intitule "Les États Unis d'Europe, un projet pacifiste", et s'intéresse au premier momentum fédéraliste qui a suivi la fin des guerres napoléoniennes et n'est mort qu'après la guerre de 1870. Et le petit livre qui m'a permis de le découvrir est emblématique de la rhétorique de cette époque. C'est de cela dont je vais vous parler aujourd'hui (brièvement, hein, le livre n'est pas long et je vous conseille vivement de le lire vous-même).

"Les États Unis d’Europe" de Charles Lemonnier, donc. Ce livre m'avait impressionné sur plusieurs plans, et sa petite taille n'a que renforcé la force de son contenu. A l'origine, Lemonnier écrivait dans la revue "Les États Unis d’Europe", l'organe bilingue (français et allemand) de la Ligue Internationale de la Paix et de la Liberté. Lorsque le journal fut interdit pour un temps après la défaite de 70, il ne cessa pourtant pas d'écrire et rédigea en conséquence un véritable manifeste qui prolongea l'esprit de la revue en attendant son retour. Le pacifiste y expose ses théories sur les précédents projets d'union européenne, les raisons de leur échec en pointant leurs faiblesses, et propose sa vision, son projet alternatif.

Son approche est très didactique, se servant de la chronologie historique comme fil conducteur pour inscrire le mouvement qu'il incarne, un saint-simonisme moderne, comme s'inscrivant dans la logique de son époque, moderne et résolument tourné vers la démocratie. Ce que reproche Lemonnier aux projets précédents, du Grand Dessein de Henri IV au projet de l'Abbé de Saint-Pierre, est principalement leur enracinement dans le système monarchique et dynastique. Ce qu'il propose est de se tourner vers une organisation politique moderne et c'est dans la République de Kant qu'il puise son inspiration. Kant est, selon lui, ce qui manque à la doctrine saint-simonienne pour être sûre de traverser avec succès les (r)évolutions sociétales qui s'annoncent. Le contexte de rédaction est celui de la révolution française tenue en échec par la Sainte Alliance, la république battue par les grandes dynasties des rois et empereurs européens. Face à ce qu'il considère comme une régression, il appelle donc à la formation des États Unis d'Europe fondés sur plusieurs principes importants :

- Les E.U.E. doivent être constitués de républiques parlementaires (seul système qui à son sens garantie l'égalité de tous les citoyens). C'est d'ailleurs une de ses conditions sine qua non à l'intégration de nouveaux États à l'union. Il considère que les monarchies parlementaires sont des instituions bancales et instables qui, si elles parvenaient à se maintenir pendant un temps, ne seraient que des transitions vers des systèmes de plus en plus démocratiques. L'homogénéité des systèmes politiques propres à chaque État Membre lui paraît essentiel, ou au moins l'homogénéité au niveau de leurs Constitutions, afin qu'elles n'entravent pas le bon fonctionnement de l'ensemble fédéral.
- Les E.U.E. doivent être soumis au suffrage universel. A noter des thématiques très modernes dans son discours comme comme la nécessité de donner le droit de vote aux femmes, notamment.
- Les E.U.E. doivent être séculiers. La séparation de l’Église et de l’État sont selon lui nécessaires au bon fonctionnement démocratique, ce qui n'est guère une surprise puisque son idée de la démocratie est baignée des idéaux de la révolution française et que son projet s'oppose clairement à l'ordre établi de la Sainte Alliance.
- Bien que penchant nettement du côté des socialistes, les E.U.E. de Lemonnier doivent défendre le droit à la propriété. C'est l'un des éléments qui a sans doute fait grincer des dents certains partisans qui, autrement, ont applaudi les discours de Victor Hugo devant le Parlement. Le droit de posséder s'inscrit lui aussi dans les racines révolutionnaires et se distingue clairement des alternatives socialistes puis communistes et anarchistes visant à instaurer un Ordre Nouveau (ironie) pour remplacer l'Ancien Ordre monarchique. J'insiste là-dessus car je trouve cette voie très intéressante dans une époque qui s'orientera de plus en plus vers une dichotomie perverse.

Son projet est un projet fédéraliste. Cela signifie que les États partagent une partie de leur souveraineté, sur le modèle des États Unis d'Amérique ou des Cantons Suisses (à l'époque, Lemonnier n'avait que peu d'autres exemples parlants à exposer). D'ailleurs, l'exemple américain lui permet de présenter un intéressant comparatif : les USA, sortant de leur guerre de sécession, ont commencé un processus de désarmement (démantelant notamment de nombreux cuirassés) et réduisent leur armée, injectant leurs ressources vers l'industrie et le commerce, pendant que l'Europe continue de s'entre-déchirer et d'engloutir des milliards dans des armées monstrueuses. Une seule armée européenne, destinée à la défense et au maintien de l'ordre, aurait l'intérêt de réduire considérablement les coûts et, du même coup, empêcher des guerres au niveau européen. L'idée de la Communauté Européenne de Défense n'est pas née d'hier.

L'exemple suisse est également très employé, et c'est très bien d'ailleurs. Notamment parce que, pour un lecteur d'aujourd'hui, le recul permet de constater à quel point cet exemple s'applique parfaitement à l'Europe. Il y souligne les différences très nettes entre les Cantons, tant au niveau des langues, des religions, et des tendances politiques, ainsi que la cohésion pourtant exemplaire de l'ensemble. Si Charles Lemonnier parle indifféremment de confédération et de fédération, l'exemple suisse montre le passage concret d'une confédération à un état d'intégration et de collaboration qui en font, de facto, une véritable fédération. L'état confédéral actuel de l'U.E. qui a définitivement trouvé ses limite peut-il y puiser l'inspiration pour sortir de sa crise tant économique qu'institutionnelle ? La rhétorique de Lemonnier exposant la nécessité de s'inspirer des Suisses pour sortir du bourbier dans lequel l'Europe s'enfonce suite aux estocades de Bismarck m'a fait sourire, car si la crise qui s'annonçait alors n'est pas la même qu'aujourd'hui, loin s'en faut, le discours reste étonnamment moderne. Notamment lorsqu'il évoque le poids de l'Europe à l'avenir, et la nécessité d'employer notre économie et notre industrie en commun pour non-seulement rester parmi les "grands", mais également pour pouvoir assister, en amis, les nations qui peinent à s'industrialiser. 

L'humanisme est clairement ce qui guide Lemonnier et le mouvement pacifiste qu'il incarne. Son manifeste appel à la paix et à la solidarité, au bon sens et surtout, au respect des peuples. L'adhésion aux E.U.E. doit être populaire, doit être votée par les peuples des États européens, tout comme doivent l'être les membres du Parlement qui les représentera. On pourra lui reprocher, peut-être, d'idéaliser la république révolutionnaire, mais il garde un esprit pratique et n'hésite pas à énumérer les différents - et conséquents - obstacles à la réalisations d'un tel projet, notamment les intérêts dynastiques et patriotiques (nous assistons, je le rappelle, à l'éveil du nationalisme). L'idée du besoin d'une institution garantissant le droit international est également un élément pilier du livre, et pose les fondations de ce qui deviendra la Société des Nations.

"Les États Unis d'Europe" est un petit ouvrage que je recommande à tous, tant il permet de cerner l'esprit des pacifistes de la fin du XIXème et leur attachement à ce projet fédéral européen que Victor Hugo a si éloquemment plaidé. Les notes des éditeurs (de l'époque et des Éditions Mancius pour la présente édition), sont particulièrement instructives ! J'y ai notemment découvert que l'expression même d’États Unis d'Europe, que je pensais "officialisée" par Hugo, fut déjà utilisée en 1848 par Carlo Cattaneo dans L'insurrezione di Milano ("Nous aurons la paix véritable quand nous aurons les États Unis d'Europe".) L'idée a plus de 150 ans ! Mais trêve de digression, je pense qu'il est temps pour moi de vous laisser tranquille et de retourner à mes lectures...

"Les États Unis d'Europe", Charles Lemonnier, éditions Manucius, par exemple sur amazon.fr

dimanche 2 septembre 2012

EuroFail : Quand la promotion de l'UE tourne au désastre

Je l'avais déjà évoqué à plusieurs reprises, l'Union Européenne n'est pas des plus douées lorsqu'il s'agit de se promouvoir auprès de ses citoyens, et pourtant ce n'est pas faute d'essayer (c'est peut-être ça le pire). Apparemment incapable d'apprendre de ses erreurs de communication, elle nous gratifie régulièrement de boulettes qui font la joie des eurosceptiques et provoquent quelques facepalms à ceux qui ne sont pas encore blasés. On m'a récemment montré une nouvelle vidéo sponsorisée par la Commission Européenne (qui devrait sincèrement abandonner toute velléité de promotion/pagande), et devant l'ampleur du désastre, comme le dirait l'ami Palpatine, je me devais d'évoquer le sujet de front. Mais tout d'abord, un résumé de l'épisode précédent.

Souvenez-vous, je vous évoquais le fameux drapeau "code-barre", et précisait que s'il n'a aucune valeur officielle quelconque, il a été utilisé par la présidence autrichienne de l'UE en 2006. Voilà l'objet du délit :


Et bien croyez-le ou non, mais il faut croire que certains sont très fiers de l'idée car l'UE récidive en 2010 pour la Journée de l'Europe :

Bien bien bien. Mignon tout plein avec son arbre, ses étoiles et son petit coeur, on en oublierait presque le code barre qui rappelle à qui l'aurait oublié que l'UE c'est avant tout du business.  L'Europe des citoyens qui se base sur une marchandisation de leurs pays respectifs, quelle classe ! Bravo l'UE pour cette démonstration de communication. Pour rappel, ces affiches sont inspirées de ce design :

Europe Ltd Corpoartion (c)
Mais le tour n'est pas terminé.On célèbre les 50 ans de l'UE ? Qu'à cela ne tienne, ouvrons un concours pour que les citoyens puissent s'exprimer ! Oui, grass-root tout ça, proche du peuple, ça va le faire... Et on choisit....... TADA !! :

Europe Corp (r), une marque déposée depuis 1957 !
Bref, après ces deux boulettes que j'avais déjà évoqué, viennent à présent les vidéos. Oui, parce qu'à l'âge d'internet, on fait comme tout le monde, on met des vidéos sur youtube. C'est jeune et branché, grass-root, proche du peuple, ça va le faire.... D'ailleurs, pour être encore plus super-cool, on va taper dans la culture populaire, histoire de cibler un public jeune et dynamique, en référençant un succès cinématographique récent. La Commission Européenne est alors fière de vous présenter son spot "Growing Together" (grandir ensemble) :


Et là, c'est le drame. Bon, la référence Tarantino passerait encore si on avait pas droit à Master Asia, Monsieur Capoeira et le Sérénissime Fakir dans le rôle de nos ennemis mortels qu'il faut calmer un grand coup dans un spot qui semble ressortir le slogan des 70' "Peace through superior firepower". Si j'ajoutais une rose des vents au centre du cercle étoilé j'aurais un excellent spot de propagande où il ne manquerait plus que "Engagez-vous dès maintenant dans le centre de recrutement de l'Eurocorps le plus proche". Accusée de racisme et autres incitations à la haine, cette vidéo fut donc officiellement retirée du circuit de promotion, mais le mal est fait... 

Heureusement, puisqu'on est accusé d'être plein de préjugés et de clichés, il nous suffit de faire une AUTRE vidéo qui COMBAT la discrimination ! Bon, on va éviter le racisme, la plaie est encore fraîche, déployons tout notre politiquement correct pour défendre l'égalité des sexes ! Notre prochain blockbuster s'appelle "Science : It's a girl thing" !


Et là, c'est le drame. La Commission Européenne a visiblement du mal à faire la différence entre combattre un cliché et entretenir un cliché. On pourrait d'ailleurs s'amuser à compter combien ils en ont bourré en une minute de spot, mais ce serait mesquin. Sachez donc seulement que la science, c'est un truc de fille !

Mais histoire de ne pas avoir l'air de tirer sur l'ambulance, je tiens à partager le seul spot de promo de l'UE qui jusqu'ici m'a semblé vraiment bien foutu, utilisant des clichés correctement (contrairement à la précédente), et dont le message n'est pas aussi nauséabond que la première (alors qu'il s'agit de la même campagne promouvant l'élargissement de l'UE, ici aux Balkans). Le spot s'appelle "Hidden Treasures of Europe" (Trésors cachés de l'Europe) :


Tu vois, quand tu veux !

mercredi 1 août 2012

Cyclopean Union, ou un peu d'humour

J'avais fait quelques slogans humoristiques il y a quelques temps, lors d'une nuit d'insomnie, principalement pour tuer le temps mais aussi pour me moquer de l'ambiance délétère au sein d' l'Union, et des théories de complots innommables au service du Grand Dessein Abyssal des Grands Anciens de l'UE. Puisque ce climat de suspicion se prolonge et que, d'un autre côté, les dirigeants européens semblent incapables de se mettre d'accord dans une situation aussi critique, je me suis dit que cette mini-campagne méritait de passer sur ce blog. Les gens qui me connaissent seront peut-être surpris du ton de ces slogans mais encore une fois, je me moque autant des théories vaseuses des eurosceptiques que du gâchis des dirigeants de l'UE ainsi que de leur propension à me faire perdre ma santé mentale. Amateurs de l'Appel de Cthulhu, je vous salue !


Celle-ci est peut-être plus "subtile" et fait référence à l'interminable débat sur la perte de souveraineté.

samedi 14 juillet 2012

Des blogs d'auteurs, ou du piège de la promotion

Je lisais récemment un échange de commentaires sur les "sites d'auteurs", où l'idée ressortait clairement qu'une page d'auteur était généralement chiante comme la pluie si elle se cantonnait à parler de l'auteur, de ses textes, de ses publications. Le côté narcissique de la ligne éditoriale semble donc mener à l'ennui profond du lecteur. En lisant ça, et tout en comprenant le point de vue des protagonistes - moi moi moi, ça gonfle, c'est vrai -  ça m'a quand même un peu gêné, et à mon grand malheur, je ne retrouve plus le site (blog ?) où j'avais pu lire l'échange. Les joies du surf sur le net, on se promène et on oublie de regarder les panneaux.  (niaha, je l'ai retrouvé !) Toujours est-il que, n'étant pas foncièrement obtus - ahem - j'ai quand même décidé de réfléchir plus avant à la question, puisque je me devais de reconnaître un certain crédit à l'argumentation anti auto-centrisme.

Bon, avant toute chose, le débat portait sur les auteurs publiés pro ou plus ou moins pro, je ne suis donc pas vraiment concerné, mais sur le fond, ça ne fait pas grande différence.

Un auteur qui ne parle que de ses textes, de ses univers et de ses propres publications, c'est chiant. On veut en savoir plus sur lui, plus de variété et de diversité dans son propos. Il y avait même l'idée que le site soit comme une "dédicace sur un salon, en plus cosy". Voilà en gros ce qui ressortait de la discussion, et autant j'adhère à cette idée de discussion et d'échange cosy, autant en pratique beaucoup de sites d'auteurs ne reçoivent que peu ou prou de commentaires, en tout cas qui ne soient pas de leurs potes/collègues. Donc c'est théoriquement chouette, hein, je ne dis pas, mais concrètement, c’est loin d'être la règle. Quant à l'aspect "parler de ce qu'il aime", je ne suis pas contre non plus si ça sert le contenu du blog. Mais on touche alors à la question "que devrait contenir un blog d'auteur ?", et là, je suis pas trop d'accord avec ce que j'ai lu.

A mon sens, ce n'est pas parce qu'on est auteur - amateur ou superstar - que tout ce qu'on fait ou aime est forcément intéressant. Les blogs qui ne servent qu'à raconter sa vie ont intérêt à être bigrement bien écris pour attirer mon attention quand je ne connais pas la personne, et même en étant fan d'un auteur, je ne veux pas un déballage de sa vie privée, de ses goûts ou voyages s'il n'y a pas un lien avec ses écrits et son travail, car ça reste... privé. Qu'on soit fan d'une personne et qu'on veuille en savoir plus est une chose, mais vouloir le connaître comme si on était cul et chemise c'en est une autre. Je suis parfois assez mal à l'aise quand Christophe Lambert (l'auteur) se met à nous montrer des photos du fan film qu'il a fait avec ses filles durant ses vacances. Qu'il parle des livres qu'il a aimé lire ou qu'il attend, oui, mais il y a des limites. A mon sens il faut pouvoir dissocier le blog d'auteur et le blog personnel (et ça vaut pour Facebook).

Dans la même logique, je comprend très bien qu'un auteur ne se mette pas forcément à parler de ce qu'il aime lire ou écouter ou voir au ciné, qu'il explique comment il travaille, en se concentrant sur son travail sans forcément broder autour de ses goûts. Car c'est appréhender le blog comme un blog de travail. Un porte-folio va rarement faire un catalogue de photos d'autres artistes, parce qu'on le photographe les apprécie, et ça ne choque personne ! Évidemment, il est toujours intéressant d'avoir des pistes "en écrivant ce texte je me suis inspiré de...", mais faut-il pour autant aller jusqu'à faire des critiques de romans pour rester "intéressant" ? Ce qui m'intéresse, si un auteur me parle d'un livre, c'est en quoi ce livre a eu / pourrait avoir un impact sur lui et sa vision, son écriture, etc.. Des sites de critiques, il y en a à la pelle ! J'aime quand l'auteur offre une perspective, ou fait découvrir des choses, des références, et je ne lui en demande pas plus. Aller plus loin c'est à mon sens dépasser le "blog d'auteur", et c'est un choix personnel.

Quand j'ai réfléchi à la chose, je me suis demandé si ce blog serait plus intéressant si je parlais de mes goûts, de mes lectures... Évidemment, dans mon cas il s'agit d'un blog d'univers, plus que d'un blog d'auteur, mais néanmoins je me suis prêté au jeu. Qu'en est-il ressorti ? Et bien si je devais me mettre à parler des mes découvertes récentes, dernières lectures, albums achetés, ce blog serait rempli de mythes baltes, de folk-metal, de cornes à boire et d'anecdotes sur la Finlande. Et je me suis imaginé ça mélangés aux messages sur Pax Europae, sur l'actualité de l'UE ou du JDR et j'ai compris que non, ça n'y avait pas sa place. Ce n'est non seulement pas l'endroit pour parler de ces choses là, mais qui plus est, soyons honnêtes... tout le monde s'en fout.

Même si j'étais publié, vendu et prisé, mes hypothétiques lecteurs seraient-ils franchement ravis de m'entendre disserter sur le futur album d'Ensiferum ou de la difficulté de se procurer une bonne traduction du Lāčplēsis ? En quoi mon opinion sur le Kalevala serait-elle intéressante s'ils aiment mon cycle de cyber-punk ? Parce que ce serait "moi" ? C'est peut-être donner un bien grand statut aux auteurs quels qu'ils soient !

En tant qu'auteur SF, et même si ça n'a strictement rien à voir avec ce que je fais, je vous recommande cette épopée lettone. Pourquoi ? Parce que c'est moi !
Voilà pourquoi je pense qu'un blog d'auteur ne se doit pas forcément d'étaler à tout prix les goûts personnels de son rédacteur. Il le peut, s'il le veut, mais en soit le blog d'auteur reste à mes yeux un blog professionnel - même si le ton est décontracté et l'ambiance cosy. J'ai moi-même parfois du mal à m'y tenir, mais quelque part je crois qu'il est important de ne pas tout mélanger, même pour se rendre plus "intéressant". Ou peut-être même, surtout pas pour se rendre intéressant.

jeudi 21 juin 2012

Des dix ans de Pax Europæ, ou de l'amour masochiste

21 juin 2002.

La journée est longue, je m'ennuie. Le collège c'est fini et je commence bientôt le lycée, sans vraiment être plus excité que cela. Une étape de plus, finalement, pas de grand changement à l'horizon. Cet été là je commence à rédiger ma nouvelle "Carnet de Guerre", pour passer le temps et animer mon forum favori. Je n'ai alors pas d'autre prétention que de faire une petite saga de l'été - c'est dire si l'ennui guette vraiment.

21 juin 2012.

La journée sera longue, mais je ne risque pas de m'ennuyer . Je suis en vacance chez un ami. Ma présence en France ne durera plus très longtemps, dans deux semaines je serai de retour en Finlande. Rapport de stage et travaux d'été m'attendront, puis la rentrée universitaire et tout le bataclan administratif parce qu'il me faudra changer d'appartement - encore. Entre temps, d'un point de vue personnel, mon orientation a beaucoup changé, je suis passé d'études en Histoire à la socionomie et me prépare à devenir travailleur social. J'ai déménagé à l'autre bout de l'Europe et commence à peine à bien vivoter dans ce nouvel environnement. Là, niveau changement, j'ai rattrapé la chose. Non, je ne m'ennuie plus.

Mais si en dix ans je suis passé du cursus Abibac pour étudier l'Histoire en Allemagne - projet avorté - à un étudiant dans le social en Finlande, il est un fil rouge qui ne m'a pas lâché, et c'est cette petite nouvelle. Bon, avant de laisser ricaner les esprits moqueurs, c'est vrai, cette nouvelle n'en était plus une (le message personnel est passé). C'est devenu un univers complexe et une galerie de personnages auxquels je me suis attaché ; un peu trop peut-être ? Car la fierté que j'éprouve devant le travail accompli, j'en parlais déjà dans l'article du 21 juin 2011. Ce que j'aimerai écrire aujourd'hui, pour les dix ans de ce texte, c'est un petit bilan d'auteur. Car si d'autres auteurs amateurs passent par là et lisent ceci par les hasards de google, peut-être apprécieront-ils mes quelques réflexions sur la chose... Car ici, point de rétrospectives post-publication. non, je suis comme 95% des auteurs français amateurs : J'ai peu de chance de percer un jour.

Quelque part, je suis très peuple.

Car non, dix ans après, je ne suis pas publié. Je ne peux pas faire le coup du "j'ai galéré mais maintenant ça a marché alors accrochez-vous comme moi et c'est dans la poche". D'autres peuvent, et font. Mais ne nous leurrons pas, ils sont rares. En ce qui me concerne, on reste dans le schéma classique des efforts (encore ?) infructueux, des multiples réécritures, des révisions, et améliorations diverses, suite à des commentaires, des allusions, des retours, des conférences, que sais-je encore ! Dix ans de confiance renouvelée en mes capacités de conteur d'histoire et de doutes profonds concernant un hypothétique talent, de coups de déprime, de page blanche et d'euphories passagères. Dix ans d'efforts malgré les conseils du genre "tu as essayé de passer à autre chose ?" et grâce aux encouragements. J'avoue que je regrette parfois de n'avoir pas écouté les conseils et n'être pas passé à autre chose, mais croyez-moi, j'ai essayé. C'est con comme l'amour, quand on écrit, une fois qu'on est dedans, on a beau traverser des moments peu glorieux et douloureux pour l'estime de soi, quelque part on ne peut pas s'en empêcher. On en viendrait presque à avouer à ses amis, un peu honteux mais avec une touchante sincérité :

"Mon texte me bat, mais je l'aime".

Consternation dans l'assistance. "Quel salaud ! Change de texte, c'est pas ça qui manque !" répond toujours l'ami de bon conseil, celui qui partage les scènes de confidence dans Confessions Intimes, et sans script, on vous le jure. "Tu as essayé d'en parler à un éditeur ?" osent même les plus diplomates qui ne veulent pas donner l'impression de s’immiscer dans vos histoires de cœur. Et vous, auteur amateur, de hocher piteusement la tête à tous ces bons conseils, avant de retourner ramper sans aucun respect pour vous-même devant votre clavier ou vos notes en bredouillant un "pardon" humiliant à votre univers. Ah, c'est sûr, écrire en dilettante n'est pas toujours un amour bilatéral. L'impression d'avoir perdu dix ans de votre vie sans pouvoir crier "je retourne chez mes parents", ou même les sorties en société où les autres participants critiquent ouvertement l'accoutrement sans grand goût de votre bien-aimé auquel vous donniez pourtant fièrement le bras. Votre texte est trop long, il est trop politique, il est trop militaire, il n'est pas romanesque, ou encore il ne correspond pas à notre ligne éditoriale. Vous savez, quand le videur de la maison d'édition - stagiaire entre deux cafés ou employé à plein temps, vous ne pouvez en avoir la certitude - regarde les baskets de votre manuscrit et lui lance avec mépris "toi, tu rentres pas".

Cette relation tumultueuse vous pousse également à cacher les bleus qu'elle laisse sur votre égo. Vous mettez des lunettes de soleil, en prétendant que tout va bien entre vous, merci de demander. "Tu écris toujours ton texte, là ?" demandent certains avec une pointe d'inquiétude mêlée de pitié. Et vous, en remettant une mèche de cheveux sur votre coquard : "Oui, oui, ça va mieux en ce moment, j'ai retravaillé le tome 1 et j'en suis très content". "Ah", déplore presque votre interlocuteur, "bah, bonne chance alors !" (Vous l'avez déjà entendu, le "bonne chance", hein? ).

Comme dans tout couple, les proches finissent par mettre les pieds dans le plat et poser la question qui fâche. "Ton texte refuse de s'engager dans l’édition, c'est pas sérieux." "Mais tu sais bien que c'est pas sa faute, il n'est pas encore prêt pour ça. Ils le laissent pas rentrer". "Bah t'as essayé de le faire relooker par un dessinateur de BD ? Parce qu'il a un bon fond, hein, je dis pas, mais avec une tenue pareille il réussira jamais dans la vie, hein, c'est moi qui te le dis !" Et vous n'avez pas le cœur de répondre que c'est vous qui l'avez habillé, le pauvre... Le texte a un bon fond, mais il est mal raconté. Ce défaut que tout le monde voit autour de vous, mais que vous refusez d'admettre parce que vous l'aimez. Et c'est dans ce moment là qu'on se rend compte que certes, les éditeurs le trouvent laid, certains de vos proches critiquent son style et il n'en fout pas une taule pour remplir le frigo, se contentant de rester dans l'ordinateur ad vitam et traîner sur le web. Mais vous l'aimez. C'est votre texte.

A ce stade, la relation est quasiment masochiste, me direz-vous. Et bien oui, pour être franc. Oui, c'est une relation cruelle, et rien ne garantit jamais que l'histoire se finira bien. La rupture n'est jamais loin, les engueulades et les réconciliations se succèdent, les reproches fusent parfois - "T'es vraiment mal écris !" "A qui la faute ?" - et l'entourage paye les pots cassés lors de vos longues lamentations : "Nan mais de toute façon c'est fini là, il me gonfle, je crois qu'on va arrêter les frais. On a eu du bon temps mais là on se prend la tête et ça ne va nulle part. Je vais rompre." et tout ça bien sûr pour revenir à la charge deux mois plus tard "il m'a offert de l'inspiration, tu trouves pas qu'il a fait des efforts ?". Bref, les hauts et les bas d'une vraie histoire d'amour. Et comme toutes les histoires d'amour, la mienne avec Pax Europæ ne se finira sans doute pas par un mariage heureux et pleins de petits enfants - nouvelles et novellas gambadant gaiment dans les webzines(1) ou, pour les plus douées, en librairies - mais par un au-revoir courtois quand le dernier mot aura été écris. 

Lorsque j'aurais achevé le tome 8, on se fera un dernier apéro avant qu'il ne me rende les clefs de l'inspiration qu'on louait en commun, et on se quittera d'un commun accord sans dispute et sans haine. De temps en temps on se recroisera par hasard lorsque je fouillerai mes archives, on se fera la bise et on se rappellera le bon vieux temps, comme avec mon premier amour, cette fan-fic Jurassic Park avec qui j'étais quelques années (je l'ai revu récemment, elle a pris un sacré coup de vieux, la pauvre !). En tout cas, tel est mon plan pour le moment. L'inspiration semblera alors bien vide et déprimante, il me faudra peut-être la quitter pendant un temps pour oublier cette histoire si longue. Déménager. Peut-être rencontrerai-je rapidement un nouveau texte, un nouvel univers ? Ou peut-être resterai-je célibataire pendant un temps... Qui sait ?

Restera la nostalgie et comme toujours les souvenirs des bons moments supplanteront les mauvais. La rencontre fortuite un beau jour de solstice d'été, nos projets d'avenir pleins de rêves et d'ambitions, les fou-rires devant les fautes, lors des relectures (La fameuse Furie couchée sur le flan, ahem...), les moments d'émotions en ouvrant les faire-part des maisons d'éditions... Ah, on en aura passé du bon temps ! Les interminables impressions dans les cyber-cafés ou les copy-shop, les envois qui amputaient drastiquement  nos économies, nos voyages en Grèce et en Finlande qui ont radicalement changé notre vision des choses et de notre relation. Je lui serai aussi reconnaissant de m'avoir présenté son ami Arnaud qui est devenu, du coup, un ami commun puis mon ami, sans que mon texte n'ait plus rien à y voir. (En espérant qu'Arnaud ne choisira pas de se mettre de son côté et de ne plus me parler, certaines personnes sont toujours embarrassées dans ce genre de situation, vous savez). Et du coup, avec la nostalgie, l'envie de se rappeler, de se revoir... On ne sait jamais comment ça évolue, ces choses là... 

De toute façon, il en a été comme ça depuis dix ans, je ne vois pas de raison que ça change !


Bon anniversaire, Pax Europæ.




Eeeeet.....

Hoch soll er leben ! Hoch soll er leben ! Drei - mal - hoch ! Hoch ! Hoch ! Hoch!




(1) : Sachant qu'une de mes nouvelles Pax EU vient d'être publiée sur Other World's Sciences ! Si vous voulez en savoir plus sur le développement du Kalanium et la révolution technologique européenne qui voulait amener l'Homme sur Mars et le conduira... ailleurs ^^ OWS, un projet du Collectif Hydrae, bien entendu !

mardi 5 juin 2012

De la création d'univers, ou de la contrainte

En ce moment je suis dans une grosse phase de réflexion concernant Pax Europae après un évènement assez rare dans la vie d'un auteur amateur : Des retours d'éditeurs construits et argumentés. Oui, c'est assez rare, notamment parce que la lecture et la concertation sur les manuscrits leur prend déjà un temps fou, et qu'il faut s'occuper des livres retenus dans le même temps. Et dans un genre comme le mien - l'imaginaire en général - on parle souvent de petites/moyennes structures qui font ce qu'elles peuvent pour traiter les piles à lire qui n'en finissent pas (les nombreuses maisons qui gèlent leurs appels à manuscrits sont symptomatiques de cet engorgement profond). Mais après plusieurs années de réponses habituelles ("Malgré les qualités évidentes de votre texte (...) non.") j'ai eu deux retours développés, très courtois et constructifs. Auteurs débutants, comme moi, si vous en avez soupé des lettres types, persévérez ! Ça vaut le coup !

Le futur livre de chevets de mes persos.
Mais revenons à ces retours. Je n'irai pas dans le détail ici, et en fait le problème majeur qui fut relevé, je n'y reviendrai pas non plus en profondeur (pas encore) sur le blog, il faut d'abord que je le digère trouve un bon angle d'attaque pour le corriger. Disons pour faire bref que je souffre de ce que je reprochais au style de l'auteur d'Endwar, voilà voilà ^^ Juste retour des choses, je suppose !

Non, l'objet de cet article est une remarque qui m'a particulièrement intrigué, m'a fait longuement réfléchir, et au final, m'a décidé à exprimer ouvertement mon questionnement car d'autres auteurs amateurs pourraient être confrontés au même problème. Cette remarque, la voici, reformulée par praticité :

"Votre univers n'est-il pas devenu une contrainte qui limite l'histoire de vos personnages ?".

A première vue, en remontant à la genèse de mes textes, la réponse devrait être clairement "non". L'univers n'a été étendu et développé que parce que mes personnages évoluaient et se complexifiaient, m'obligeant à faire de même avec le background. Pour 50 pages, j'avais pas besoin de décrire les E.U.E. en profondeur. Passé 100/150 pages, fallait bien creuser un peu. Et l'univers n'a cessé de s'enrichir à mesure que mes personnages exploraient l'Europe dans leurs pérégrinations. A chaud, donc, bien sûr que non, mon univers n'est pas une contrainte ! Au contraire ! En plus, des choses établies ont déjà été changées (plusieurs fois pour certaines, d'ailleurs) pour mieux coller à ce que je voulais faire faire à mes personnages.

Mais penchons-nous tout de même sur la question, car si le comité de lecture a eu cette impression, il n'y a pas de fumée sans feu. On m'a demandé si j'avais développé l'univers dans d'autres textes ou supports, et j'ai répondu que oui, il y avait des nouvelles annexes, et un jeu de rôle en élaboration. La réaction ne s’est pas faite attendre "Ah ! Et bien voilà !". Ce regard, cette intonation, le signe qui ne trompe pas : Ils connaissent bien ce syndrome, apparemment. L'univers semble donc prendre le pas sur les personnages, fades et quelconques, et lorsque la lecture est achevée, on se souvient de la "structure" mais pas de "l'histoire". Mon tome 1 n'est pas romanesque, parce que mes personnages sont plats et l'univers trop grand.

Une fois le choc passé ("Indigeste" le texte, quand même....), je réfléchis. Laissons de côté le problème des personnages insipides pour nous focaliser sur l'impression embarrassante de voir une sorte d'étalage d'univers qui écrase l'histoire romanesque. Il semble donc évident que l'exposition du background et l'importance de celui-ci sont trop lourdes, et le développement parallèle paraît également être un facteur "connu" dans ce genre de défaut. La question se pose donc : Le développement de l'univers Pax Europae à travers les nouvelles, les tomes indépendants et le JDR ont-ils nui, finalement, aux textes centraux (l'actuelle octalogie) qui sont le coeur de l'univers ? En d'autres termes, le développement de l'univers a-t-il nui à son exposition, et donc à lui-même ?

Vous avez deux heures.

A l'époque on les réclamait encore... ^^
Il est un fait que lors de ma grosse réécriture (en Grèce en 2010 suite à ma réécriture d'Europae et en Finlande en 2011 suite au découpage de la tétralogie en octalogie) a été fortement marquée par une "harmonisation" du BG. La relecture avait mis en lumière de petites incohérences ou anachronismes in-univers, des éléments qui collaient avec une vision plus minimaliste du monde de Pax EU se heurtant aux développements plus complexes de mes travaux récents. Marquée par des clarifications, également, dans les hiérarchies, les pays, la technologie, bref, marquée par une crédibilisation de l'ensemble. J'ai retconné 10 ans de réécritures, relectures et révisions successives, rarement intégrales et donc inégales, tout en intégrant des idées creusées pour le JDR et qui me semblaient trop intéressantes pour ne pas être ajoutées dans les textes - toujours dans l'optique de servir les questionnements moraux de mes persos ou complexifier les possibles. En principe, cela part d'un bon sentiment, il faut corriger des points trop vagues car écris à une époque où ces éléments étaient encore flous (et inutiles) parce que dans trois tomes, ils deviendront très importants. En fait, cette harmonisation était impérative. Trop de temps séparait la mise en place de l'intrigue basique il y a 10/8 ans et mes notes pour conclure le tome 8.

Seulement voilà, cette médaille a-t-elle eu un revers handicapant, celui de me pousser à être trop précis, trop pointu, trop lourd ? En voulant être cohérent dans la longueur, n'ai-je pas poussé l'exposition de l'univers trop loin ?

Il semble que oui. Le piège vicieux s'est peut-être refermé sur ma réécriture : En voulant poser les bases j'ai peut-être donné l'impression d'avoir bourré le tome 1, car il ne faut pas oublier que en tant qu'auteur, je sais tout ce qui vient après, je sais à quoi servent tout ces détails et cette exposition. L'éditeur - et par extension le lecteur potentiel - lui, ne le sait pas. Je me suis focalisé sur l'univers et sa cohérence, au risque d'oublier que le lecteur pourrait se sentir submergé sans raison. L'envie d'afficher un monde cohérent coûte que coût pourrait donc être considéré comme une contrainte, même si en l'occurence elle n'influence pas ce qui arrive aux personnages mais la façon dont je le présente. Et la réponse à cette question pourrait donc être "oui", finalement. Et il va falloir que je travaille là-dessus très sérieusement.

"Où nous en sommes précisément" dans les E.U.E., c'est peut-être trop précis...

Quant au problème de style et de mes personnages fades, c'est encore une autre histoire ! (Ouais je sais, sortez les fouets et les pelles et fouettez-mouaaaaaa !)

PS : Cela dit, et malgré de gros gros points noirs, il y a aussi eu pas mal de choses encourageantes et le simple fait d'avoir eu deux retours me fait excessivement plaisir ! Donc non, je ne suis pas en mode "jsuisunegrossemerde", mais plutôt "ahbahputainyaduboulot"  ^^

lundi 21 mai 2012

Endwar, ou du temps que je vais gagner

Oui, c'était le dernier bouquin sur ma liste des fictions d'anticipation traitant ou incluant une Europe Unie ou Fédérale. Je l'ai acheté pour une bouchée de pain, et je l'avais gardé pour la fin, parce qu'entre lui et moi, c'était presque personnel. Finalement, contre toute attente, je vais probablement pas le lire. Lui ? C'est bien sûr "Tom Clancy's Endwar".

Ah, j'en entends qui ricanent à la mention de "Tom Clancy's ...". Et ils ont bien raison. Avant d'aller plus en détail sur le pourquoi je ne compte plus le lire (ou pas avant un long moment) et pourquoi c'était pourtant si important pour moi, je souhaite dire deux mots sur les licences Tom Clancy pour ceux qui ne sont pas familier du monsieur. Tom Clancy a écris de super bons bouquins, parait-il, en tout cas j'ai adoré A la Poursuite d’Octobre Rouge. Sa spécialité c’est la géopolitique et le matos. Oh, il aime le matos. Il va vous décrire dans le moindre détail, jusqu'au moindre boulon, comment fonctionne tel type d'hélicoptère afin d'expliquer avec la précision d'un horloger comment un accident technique va le plonger dans l'océan et tuer un messager dont TOUT LE MONDE SE FOUT, non, vraiment, tout le monde. Et pareil pour les armes, les jumelles, les satellites, etc. etc.. Dois-je préciser que c'est d'une lourdeur abominable et que ça casse toute tentative de rythme ? En dehors de ça, ses histoires sont cool. Seulement voilà, le temps passant et l'argent entrant, il fait comme beaucoup, il créé des licences dont il se contente d'esquisser les scénarios et empoche le blé. Les bouquins sont écris par d'autres qui ont à peine le droit de voir leur nom sur la couverture après moult "Tom Clancy". A un point qui frôle le ridicule, jugez plutôt :

Jetez un bref coup d’œil et dites-moi qui semble être l'auteur de ce roman.
Rien que sur la couverture, on a trois fois le nom "Tom Clancy", y compris dans les caractères les plus gros. Plus gros, même, que le titre du bouquin ! En regardant bien, on se rend compte qu'on lit "Tom Clancy's Tom Clancy's Endwar". WTF ?? La tranche est encore plus insidieuse, le nom de l'auteur réel, David Michaels, apparaît en petit quand Clancy a droit à une fois son nom en énorme (un tiers de la tranche) et encore une fois à la même taille que l'auteur. Quant au dos :

Un blogueur anglophone a pris cette photo parce qu'il était choqué que le jeu soit qualifié de best-seller sur la couv alors que, à la sortie du livre, le jeu n'était pas encore en vente. On se marre déjà, hein ? (surtout quand on sait que le jeu a fait un four, niaha) Mais rien qu'en prenant cette petite photo, on a droit à encore deux fois le nom Clancy ! David Michaels, lui, n'a même pas droit de figurer au dos.

Reprenons : Clancy voit son nom trois fois sur la couverture, deux fois sur la tranche et deux fois au dos, pour un total de 7 fois, quand l'auteur réel est mentionné... deux fois.

Bon, voilà, je crois qu'on a compris ou je voulais en venir. Maintenant que j'ai bavé sur la licence Clancy, passons aux raisons qui me poussaient à vouloir le lire, et celles qui m'en découragent.

Endwar... une troisième guerre mondiale en Europe engageant une Fédération Européenne dotée d'une seule armée contre la Russie dans un conflit futuriste, nouvelles technologies mais pas trop, combats urbains, tactique, pseudo-nukes - mais pas nukes ! - bref, quand j'ai vu la bande-annonce du jeu aux graphismes superbes (à l'époque ça claquait), j'ai eu peur, je l'avoue. J'étais persuadé que tout le monde allait adorer et me dire par la suite, en jetant un œil perplexe à Pax EU "Mais t'aurais pas un peu pompé sur Endwar ?". J'avais peur que mes textes aient soudain l'air de bêtes fan-fictions ou pire, de plagiat mal déguisé. Et puis les designs étaient cool, et puis et puis et puis..... Ce fut le drame, pendant quelques mois, je m'imaginais d'interminables "mais j'avais écris ça avant !" et les inévitables "mais oui, mais oui".

Et puis non. Le jeu fut un échec, la licence papier a fait un four, elle aussi (deux romans publiés en tout et pour tout, on est loin des Splinter Cell, OP Center ou Net Force...). En fait, aujourd'hui, presque tout le monde a oublié Endwar. Mais lorsque j'en suis venu à dresser une liste des fictions traitant d'une Europe Fédérale, mon vieux démon a resurgi. Enfin, le livre est arrivé et là, j'ai compris que je n'avais aucun regret à avoir : Le jeu a beau se dérouler en Europe et aux US, le livre se moque de la Fédération Européenne. Complètement.

L'intrigue n'a pratiquement pas besoin d'elle et un simple regard à la table des personnages donne tout de suite le ton. Nombre de personnages américains : 39. Nombre de personnages russes : 10. Nombres de personnages européens :... 3 ? La Fédération Européenne, je ne sais pas ce qu'il en est dans le jeu, mais ce roman semble l'éviter. J'ai donc cherché des résumés pour éviter de perdre mon temps et oui, on nous promet une confrontation FE vs US, mais tout se passe côté US et la confrontation est évitée de justesse, c'était un complot russe, haha, quelles canailles ces russkoffs, et au final on est de nouveau potes. Mais ça se passe aux US / Canada, et on se fout de l'Europe comme de l'an 40.

J'ai quand même tenté le coup, sait-on jamais, mais je me suis alors heurté au style. Désolé, monsieur Michaels, mais vous êtes indigeste. Il veut faire du Clancy - qui est déjà assez pesant par moment - mais il ne parvient qu'à être lourdingue et sans saveur. J'ai lu quoi, une trentaine de pages, et je me fais déjà chier comme un rat mort.

Résumons donc : Aucun intérêt scénaristique ou thématique, un style imbuvable... Pourquoi me donner la peine de m'infliger Endwar ? La présence d'une Fédération Européenne n'est qu'un prétexte pour avoir un troisième camp jouable dans le jeu vidéo et n'apporte rien à une possible réflexion ou un point de vue européen du conflit (s'il avait développé une galerie de persos de la Fédération, j'aurais persévéré, mais là quoi, trois personnages en tout et pour tout ?) J'ai donc décidé de laisser tomber, tout simplement. Endwar, cette anticipation qui m'avait tant "menacé" dans mon projet, s'avère finalement un pétard mouillé. Toutefois, je tiens quand même à remercier le jeu qui aura apporté avec lui quelques artworks bien sympathiques qui me feront toujours plaisir, même si l'histoire elle-même n'a rien à m'offrir.

Soldats de l'Enforcer Corps, l'armée européenne dans Endwar.

Paris s'en prend plein la gueule.
Si je pouvais avoir des illustrations comme ça... *rêve* Notons le drapeau européen flottant au vent derrière le blindé, ce genre de mise en scène est assez rare et colle tout à fait à l'esprit Pax EU.