lundi 8 juin 2009

De la technologie dans Carnet de Guerre ( Ou pourquoi y a pas de voiture qui vole )

Pax Europæ est un univers futuriste, certes, mais pas tant que ça. Bien que les évènements se déroulent en 2033/34, l’aspect technologique n’est pas révolutionnaire. Cela a plusieurs raisons. La première, je n’avais pas envie de décrire un futur high-tech avec des paquets de céréales animés et des écrans en 3D, etc. Je voulais quelque chose de proche de ce que nous connaissons et c’est partie intégrante de ma « vision » d’ensemble si vous me pardonnez cette expression ronflante. La seconde tient du fait que le Millenium Crash est passé par là et je tiens encore aujourd’hui à ce qu’on se rende compte du ralentissement que cela a causé dans le développements de tous les aspects de l’univers. La troisième part d’une constatation. Dans les années 80, on rêvait de voiture volante, en 2010, on commence à peine à chercher des moteurs moins polluants, les voitures électriques sont au stade des prototype et des petites séries, et on remet déjà en cause l’écologisme véritable des carburants bio. Alors qu’est-ce qui se passe quand le pire Krach depuis 1929 passe par là ? D’autant que dans mon esprit le Millenium Crash est plus dramatique que la « Crise » que nous affrontons aujourd’hui. Guerres civiles et microconflits ont mis les pays industrialisés à feu et à sang ( Guerre Civile Ethnique aux USA, Israel rase Gaza et annexe le Liban, Contre-Révolution sanglante en Chine, guerre multiasiatique contre la Corée du Nord…) On peut donc dire qu’en 2033, le monde a ralenti.

La technologie de tous les jours n’a donc pas évolué à un rythme trépidant. Quelques détails dans les textes rappellent que des progrès courant ont été fait, comme les disques et les plaquettes de silicium. Je me rappelle d’un vieux reportage des années 2000 qui expliquait fièrement que dans les années à venir on pourrait stocker l’intégralité de la Bibliothèque Nationale de France sur une plaquette de silicium de la taille d’un ongle. On y est largement dans l’univers de Pax Europæ, le silicium est le mode de stockage de base sous forme de clefs de données ou de cartes, avec des capacités très importantes. Dans une scène de Carne de Guerre, un personnage fait remarquer à l’autre que toute la musique que contient un encombrant carton de déménagement plein de CD a du être transféré sur une minuscule plaquette de silicium. Entre temps les capacités de nos clefs USB deviennent de plus en plus importantes, je ne fais donc qu’anticiper la place qu’elles nous offriront dans le futur, mais en format miniature : Le Dossier d’Erwin est constitué entre autre de plusieurs plaquettes de silicium bourrées de photos, schémas etc… et elles sont glissées entre deux pages du carnet !

Autre exemple, les chrono-bracelet. Une montre en plus évolué pour le combat, ça existe déjà, c’est vrai. La différence c’est que tous les soldats en sont équipés, les connectant à Euronet, tout comme les lunettes de visions améliorée. Il ne s’agit plus de ces lunettes lourdes et encombrantes actuelles mais de lunettes de projection sur verre comme dans les avions de chasse, appliquées à toute l’infanterie européenne, puis à l’élite de l’infanterie russe, les Spetznas. Les Asiatiques en ont une version dans leur Mécafantassins alors que les lunettes sont plus lourdes pour l’infanterie. Pourquoi ? me demanderez-vous, d’autant qu’une bonne partie de cette technologie vient des Etats Unis d’Asie ?

Voilà un autre aspect de l’univers. L’Asie est pionnière, mais manque désespérément de sous. Ils ont misé à font sur la microinformatique, pari apparemment perdant. La revente de brevet leur a permis d’écoper et de se remettre à flot, quitte à prendre du retard sur les autres. Entre temps, la Russie Indépendante ne chôme pas et va plus loin en développant ces technologies. L’Asie doit donc parfois racheter ou négocier des progrès qu’elle aurait pu faire elle-même, notamment dans l’intelligence artificielle ( cf : Honneur et Patrie ). Quand on s’apercevra de ce à quoi la technologie asiatique de microinformatique servira en fin de compte ( le Cheval de Troie ), on se souviendra que rien ne sert de courir mais qu’il faut partir à point.

Les véhicules dans Carnet de Guerre et les nouvelles sont un mélange de neuf et de vieux, parce que même aujourd’hui, dans toutes les armées du monde, on utilise du neuf… et du vieux. Croire que les casernes d’une armée moderne déborde de véhicule dernier cri est un doux rêve. En 2033, la Russie mise tout sur les Miest, qui on s’en doute coûtent assez cher. Forcément, la coupe budgétaire se fait sentir quelque part. D’où le retour aux peu cher mais efficace Half-Tracks qui n’ont – cependant – pas grand chose à voir avec les half-tracks de leurs aïeux soviétiques. Les Européens ont la technologie Furie, certes, mais dans les fronts reculés on croise encore des P4 ( voitures de l’armée française actuelle ), et dans les lieux difficiles d’accès des Hagglunds. Pourquoi jeter du matériel vieux mais qui a fait ses preuves ?

Un reproche que je m’attends à recevoir pas mal, c’est au niveau des satellites. « Mais ils ne voyaient pas l’ennemi avec leurs satellites ? » Et bien… pas forcément. Plusieurs raisons à ça, j’expédie la première qui est bien développée dans les textes : le réseau européen n’est pas fiable car complètement infiltré par le Cheval de Troie asiatique. De plus, on peut faire dire tout et n’importe quoi à une image satellite ( cf : Guerre en Irak ), d’autant que contrairement à la croyance populaire, si on a les capacités de POUVOIR voir absolument tout par satellite, on n’en a pas les moyens. Rappelez-vous que le front européen à lui seul par d’Albanie, remonte en Ukraine, traverse la Russie occidentale, grimpe jusqu’en Scandinavie et finit son ellipse en Angleterre. Avez-vous une idée des moyens qu’il faudrait pour surveiller par satellite une telle zone ? Je ne parle pas seulement des satellites en eux même, mais des analystes, etc ? Alors que l’argent coule à flot pour fabriquer des Furies ? Impossible. De plus, comme on le voit en Slavie au début du tome 1, les progrès dans le domaine du camouflage sont tels qu’ont peut dissimuler une gigantesque embuscade pour encercler l’ennemi sous des toiles imitant l’herbe à la perfection. Si l’œil humain s’y trompe à moins de vingt mètres, que pensez vous du stellite ? Enfin, et contrairement à Jack Bauer, on ne peut pas utiliser n’importe quel satellite n’importe quand n’importe comment. Même aujourd’hui, les armées modernes peuvent se faire largement surprendre malgré cette couverture depuis l’espace, Irak et Afghanistan en sont des exemples tout à fait parlant.


(à suivre…)
Illustration : Kamui

dimanche 7 juin 2009

Réécriture d'une scène

Après une relecture de quelques passages de "Furies", il y a une scène qui m'avait un peu gênée, celle où Erwin et ses amis font un exercice d'embarquement, qu'un observateur américain est sur place et que tous se demandent ce qu'il fait là. La présence de cet observateur est certes un détail dans le "grand tout" mais elle a quelques implications que je voulais garder. J'ai donc seulement réécris la scène pour qu'elle colle plus à ma façon actuelle d'ammener les choses... Voici la scène en question, le tome 1 sur le site a été mis à jour lui aussi ! Bonne lecture !


Hambourg.

Lorsque Hambourg s’était vue gratifiée d’une Caserne d’Unités d’Assaut, les locaux déjà existants avaient été réaménagés, agrandis, tout comme l’avait été le terrain d’exercice. Le parcours d’entraînement journalier fut rallongé par de nouveaux obstacles plus spécifiques aux missions de ces unités, et de nouveaux terrains avaient été aménagés : Un faux quartier urbain et une zone d’exercice à l’embarquement. C’était justement ici, sous une pluie fine, que la compagnie d’Erwin et ses camarades s’entraînaient sur un hélicoptère tanker à double rotor dont les pâles bourdonnaient réellement.
-Compagnie, à mon commandement !
Le Sergent-chef Miguel donnait de toute sa voix pour impressionner son homologue américain qui considérait l’exercice d’un œil attentif. Miguel les avait bien entraîné jusqu’ici, là n’était pas le problème, mais devant cet observateur étranger il se sentait obliger d’incarner le formateur parfait. Et sans vouloir être méchant, Cyril Théodore n’y croyait pas une seule seconde. Le sergent-chef tenait ostensiblement son chrono-bracelet devant ses yeux.
-Embarquement !
Les soldats de l’Eurocorps bondirent en bon ordre et prirent place dans l’appareil à une vitesse impressionnante et sans accroc. C’était un exercice courant, sans doute raison pour laquelle ils le pratiquaient devant l’Américain. Tout le monde boucla son harnais comme un seul homme, répétant ce geste mille fois effectué.
-Je vais vomir, souffla Cyril en se tournant vers Erwin. Le bruit de l’hélico me donne la nausée.
-Redresse ton arme, lui intima-t-il doucement. Bien droite, vers le haut.
-Tu voudrais pas tuer quelqu’un, hein, ricana Balder avec un sourire.
-Paniques-pas, Cyril, intervint Grégory, ce n’est qu’un exercice…
-Oui, mais c’est le huitième en trois jours…Entraînement intensif en plein état d’alerte ? On pourra dire ce qu’on voudra, ils nous préparent à partir… Il y a bien une mission de prévue.
-Je ne pense pas, répondit Erwin en regardant discrètement son chrono-bracelet.
-Dis plutôt que tu n’espères pas.
En réalité, Erwin savait pour avoir entendu des conversations par indiscrétion que quelque chose de gros était en cours. Mais il préférait conserver le moral de sa chambrée.
-C’est vrai.
Le gradé américain échangea quelque mot avec Miguel, devant l’accès à la soute du tanker. Il avait des traits durs, taillés à la serpe. Ses yeux scrutateurs n’inspiraient aucune confiance.
-Pourquoi il est là, d’après vous ? demanda Cyril comme pour tromper son mal de ventre.
-Il vient prendre de la graine, ricana Balder en affichant un rictus supérieur.
Greg, tout à son habitude, trouva le moyen de dramatiser l’événement :
-Où il vient pour pouvoir coordonner une attaque massive et…
-Non, je ne pense pas, rétorqua Erwin pour ne pas les alarmer outre mesure. Les Américains veulent vérifier qu’ils se sont bien rangés du côté des plus forts…
Voilà une phrase qui n’était pas pour lui plaire, mais devant l’angoisse latente de ses camarades il fallait faire des choix. La psychologie avant tout.
-Ils viennent peut-être apprendre à faire la guerre moderne, insista Balder. Vu la branlée qu’ils ont pris au Millenium Crash.
Sa remarque fit rire plusieurs soldats autour d’eux.
-Je doute que l’Europe aurait eu plus de succès dans la guerre au Moyen Orient, répliqua Greg. Surtout pas à l’époque.
Son ami décida de l’ignorer purement et simplement et soupira avec satisfaction.
-On a quand même de la chance de ne pas être né ailleurs…
-Hum, remarqua Erwin. Faudrait qu’on ait une petite conversation toi et moi.
-Je plaisantais… T’es pas d’accord pour les amerloques ? Ils étaient super arrogants avant le Krach… est-ce qu’on était comme ça, nous ?
-Oh non, railla Erwin, loin de nous cette idée…
Le sergent-chef passa la tête dans l’ouverture et jeta un regard sur la troupe harnachée, sans casque, mais avec le fusil mitrailleur et le matériel de survie. Il regarda son chrono et approuva du chef, avec un air certain et satisfait, puis redescendit de l’appareil pour se planter sur la piste.
-OK, c’est terminé. Tout le monde sort. C’est mieux que la dernière fois. Vous pouvez retourner à vos chambrées. Ce soir, 21 heures, inspection des armoires et des lits. Je vous rappelle quand même qu’on est en état d’alerte. Pas de console de jeu au foyer, ce soir.
Il y eut des ronchonnements et même quelques huées.
-Allez-y, plaignez-vous. Quand j’étais troufion, comme vous, notre seul amusement c’était des vieux DVD et la Playstation X-t ! Alors estimez-vous heureux.
-Il nous joue le vieux de la vieille, le sergent Miguel, murmura Cyril entre ses dents.
Les groupes se dispersèrent. La pluie commençait à tomber plus drue. Erwin marcha vers le gradé américain, l’air de rien, et lui dit en passant :
-Comment trouvez-vous les troupes de l’Eurocorps ?
L’homme le fixa intensément sans parvenir à cacher un certain malaise.
-Je vous ai vu sur le parcours… Il faut reconnaître que vous avez de la technique.
-Disposez, Helm ! intervint Miguel en bombant le torse.
Les quatre amis saluèrent leur instructeur avec un sourire à peine dissimulé et se dirigèrent rapidement à l’abri.-Miguel, se mit à rire le jeune blond soulagé de quitter le terrain d’exercice. Ah, Miguel…
PS : Il reste encore un peu de temps pour aller voter, c'est important !