mercredi 10 décembre 2008

De la guerre nucléaire dans Pax Europæ : Extrait du tome 7 (Gros spoiler, d'uh)

Voici un extrait du tome 7 de Pax Europæ. En quelque sorte, c'est un complément à l'article précédent qui montre un autre aspect du traitement de la guerre nucléaire dans PaxEU.

Tout ce qui suit est plein de spoilers, cela va sans dire, mais ça va mieux en le disant. 

Remise en contexte : Cet extrait se déroule le 5 août 2034, environ trois semaines après le début de la Guerre Nucléaire, populairement appelée "Nuke War" (Le Français n'offrant pas de diminutif familier pour désigner une bombe nucléaire, l'Européos est donc venu à mon secours ^^ ). Nous retrouvons Marc "Balder" Dean à Kolpino, une ville qu'il a bien connu et qu'il avait du abandonner sous la pression des chars russes, abaissant ainsi la dernière garde devant Saint Pétersbourg. Depuis les choses ont changé, Yokohama, Séoul, Shanghai, Nijni Novgorod, Volgograd, Kazan, Ekaterinbourg, Zelenograd, Moscou, Berlin, Varsovie, Prague, Paris, Hanovre, Barcelone, Zurich, Zagreb, Lódz, Washington, New Delhi, Calcutta, Sydney Taiwan, Hanoi et Tokyo ne sont plus que des champs de ruines atomisées, la guerre nucléaire a tué plus d'un milliard d'êtres humains civils et militaires confondus à elle seule ( sur une population mondiale d'avant guerre d'environ 11 milliards d'individus ). Balder doit pourtant continuer à se battre : Bien que le gouvernement russe ait capitulé, ce n'est pas le cas d'une bonne partie de ses généraux, et dans le monde entier, malgré Lunaris, la guerre se poursuit, à l'abri des médias trop focalisés sur les champignons nucléaires....



Kolpino, Région Russe.

La ville qui s’étalait aux pieds des derniers buildings n’avait plus rien d’un centre social urbain. Ce n’était plus qu’un immense champ de ruines qu’un bombardement massif au Kalanium avait broyé, écrasé, réduit en cendre même les plus hauts immeubles. De temps en temps s’élevait une structure de béton moribonde, ajourée comme une construction en allumettes. Elle paraissait d’ailleurs en avoir la fragilité. Les gravats calcinés étaient comme une plaine infernale dans laquelle Européens et Russes s’étaient livrés à un combat sans merci.

Dans ce décor apocalyptique, Balder fumait sa cigarette avec nervosité. Non pas à cause du stress des combats de ces derniers jours, mais plutôt du tournant que prenaient les évènements. Depuis la disparition du Bataillon Furie, le Pégase était devenu le centre d’attraction des médias. On avait donc logiquement confié le sale boulot au tout nouveau Bataillon Gorgone. Et quel sale boulot !

Depuis les grands bombardements de la Nuke War, l’Europe avait beaucoup de difficultés à reformer un réseau médiatique total, un problème auquel tous les pays bombardés devaient faire face. Les dégâts électromagnétiques avaient été tout aussi terribles que le souffle et l’onde de choc. Véhicules paralysés, routes impraticables, câbles d’alimentation arrachés, sur des kilomètres et des kilomètres. A cela il ne fallait pas oublier l’état catastrophique des infrastructures suite à la guerre conventionnelle. Ici, comme certainement en Inde et en Asie, personne ne savait plus réellement ce qui se passait. Le monde s’émouvait devant les images de fin du monde, ignorant – volontairement ou pas – que la guerre n’était pas terminée. Non, Lunaris n’avait rien achevé, et Balder était bien placé pour le savoir.

Des jours et des jours de lutte acharnée, soldés par un bombardement kalanique massif. D’autres villes avaient connu le même sort – dans la plus grande indifférence – et il se murmurait entre soldats que c’était partout pareil. Les journaux officieux qui circulaient illicitement dans l’Eurocorps parlaient d’horreurs sans nom. Des bombes nucléaires avaient explosé, disait-on. Pourquoi personne n’en parlait ? Etait-ce un mythe né de la terreur nucléo-kalanique ? Devant l’immense lande de gravats qu’il contemplait, Balder ne doutait pas.

-Vous aviez déjà combattu à Kolpino, exact ?

Balder se retourna et croisa le regard sombre du général Yvan Strawiez, un grand homme originaire de la Région Estonienne. Le gradé l’observait avec un œil étrange.

-Sous les ordres du général Eggton, confirma le jeune homme en expulsant la fumée de ses lèvres.

-Ah oui, le traître…

Balder ne répondit rien, le général connaissait la chanson.

-Je sais, je sais, vous y croyez au Complot K… Mais soyez réaliste, quand bien même il y aurait une part de vérité dans ce fatras, révéler tout cela maintenant était une mauvaise chose. Regardez où cela nous a menés !

-William Eggton était un homme d’honneur et de principe, mon général. Il a fait son devoir.

-A savoir ? Plonger les Etats Unis d’Europe dans ses propres cendres ?
Strawiez s’approcha et désigna le champ de ruines du menton.

-Vous voyez ça ? Vous avez vu Berlin ? Prague ? Paris ? Barcelone ?

-J’ai vu Berlin de mes propres yeux, général, répondit Balder d’un ton lapidaire. Un de mes meilleurs amis est mort des radiations de Berlin. Moche à voir.

Le général hocha de la tête, compréhensif. Balder n’arrivait jamais réellement à cerner l’opinion du Lituanien. S’il semblait prendre le dossier Josch Helm pour un conte farfelu, il n’en semblait pas moins porter en son cœur de vifs reproches vis-à-vis du Haut Commandement Suprême et de feu Markus Tramper. Un homme entre deux eaux, d’une tristesse absolue devant l’avenir sombre des E.U.E..

-Vous savez, nous n’avons pas encore vu la fin de ce conflit…

-Je m’en rends compte dès que j’ouvre les yeux le matin, général.
Son ton était suffisamment sinistre pour que le gradé ne réponde rien. Balder portait les stigmates de sa souffrance sur son visage aux yeux cernés, au teint livide, presque crayeux. Il dormait peu, obsédé dans ses cauchemars par Erwin et Eggton fusillés, Cyril mort dans des souffrances abominables, et ces centaines de millions de gens atomisés. Simplement réduits en poussière. Il avait tellement cru en l’espoir du général Eggton ! Arrêter la guerre, pendant qu’il en était encore temps ! Et cette pensée provoquait en lui une nausée violente alors qu’il haïssait Erwin d’avoir attendu trop longtemps, tout en se haïssant lui-même de reprocher quelque chose à son ami qui avait sacrifié toute sa vie. Pour son père. Et pour l’Europe.

-Parfois je rêve d’avant, avoua-t-il presque pour lui-même. Quand j’étais simple soldat, à Hambourg…

L’évocation de cette ville rasée par les combats arracha un pauvre sourire amer au général.

-La vie était tellement… évidente, simple… Aujourd’hui je vis dans un pays qui sera bientôt totalement polluée par les radiations, dans un monde qui s’extermine par tranches de millions de victimes. Et je me demande pourquoi je vis encore. Ceux qui sont morts ont peut-être eu plus de chance que nous…

Sa voix qui s’était muée en murmure glacé s’éteignit alors que le mégot de cigarette disparaissait entre deux blocs de béton.

-Avant la guerre nucléaire, j’avais encore l’espoir de rebâtir un monde meilleur. Aujourd’hui je n’en ai plus aucun. Cette planète sera bientôt tellement irradiée qu’elle brillera dans la nuit du cosmos même quand le soleil sera mort.
Strawiez leva un sourcil.

-Vous avez une vision de l’avenir absolument communicative.
Le jeune fit quelques pas et leva les yeux vers le squelette tassé d’un immeuble.

-Pourquoi les gouvernements concernés pratiquent-ils cette politique de désinformation ?

-A quel propos ?

-La Nuke War ! Aucune bombe nucléaire n’a explosé depuis Lunaris, mon cul !
Malgré la tension dans sa voix, Balder n’avait pas esquissé le moindre geste.

-Nous savons tous que des bombes ont détoné sur des champs de batailles loin des centres urbains ! Où voulez-vous trouver de l’espoir ? L’humanité se voile la face : elle est en train de mourir !
Alors qu’il finissait sa phrase un frisson lui parcourut l’échine et ses yeux s’embuèrent.

-C’est une véritable malédiction d’être né pour voir ça.
Strawiez ne dit rien et respecta cet instant d’émotion brute. Puis il posa une main sur l’épaule de Balder et lui dit d’une voix calme.

-Je sais, mais le cauchemar n’est pas terminé. Demain nous devons briser les derniers nids de résistance russe à Novgorod. Préparez votre unité, sergent Dean.

samedi 6 décembre 2008

De la Guerre Nucléaire dans Pax Europæ ( Ou pourquoi on n'y échappe pas )


Désolé pour l'absence, mon mois de novembre a été aussi chaotique qu'en 2033...

On ne peut pas dire que ce soit un spoiler, la troisième guerre mondiale que je décris vire à la guerre nucléaire à la fin du tome 3. Ça pendait au nez de tout le monde, et le Kalanium n’a pas été inventé pour rien. On peut légitimement se demander si cette dégradation jusqu’à l’affrontement nucléo-kalanique résulte d’une thématique de réflexion ou juste d’un brin de psychopathie apocalyptique. La réponse est : les deux.

Expédions la partie psychopathe d’emblée. Si ce n’a pas été le cas depuis le berceau, la puissance de destruction massive des armes nucléaires m’a très tôt fasciné, effrayé, peut-être, toujours est-il que j’ai longtemps entretenu cette ambiguïté morbide. Et si les cataclysmes météorologico-volcano-tornado-alieno-apocalyptiques des films et livres de ma jeunesse me paraissaient bien faits et distrayants, rien ne valait à mes yeux l’holocauste nucléaire sur Los Angeles dans Terminator 2 : Le Jugement Dernier. Rien n’équivalait au flash silencieux et aveuglant suivi du tonnerre surnaturel, du souffle balayant tout sur son passage et du majestueux champignon dominant une plaine concentrique de dévastation. Aussi les films où l’enjeu était d’éviter une guerre nucléaire m’intéressaient-ils plus que l’invasion des extra-terrestres. Et ces films m’ont je crois transmis cet esprit encore directement imprégné de la Guerre Froide, quand l’idée de cataclysme nucléaire était encore une phobie majeure et surtout crédible. 

La chute de l’URSS a passablement rassuré la population sur les risques de guerre nucléaire, et tout a d’ailleurs été employé pour en minimiser la possibilité, tant dans les médias que dans les fictions… Je me demande pourtant pourquoi les mêmes politiques qui nous assurent que ce scénario est désormais désuet et improbable et dont le démantèlement était la priorité des années 90, deviennent si frileux lorsqu’on évoque l’accession à l’uranium militaire de l’Iran ou les regards en chien de Fayence de Moscou et Washington dès qu’on évoque le bouclier antimissile. Enfin, je rappelle à titre indicatif que la Doomsday Clock conçue après Hiroshima et Nagasaki, qui était passé à 11h43 à la chute de l’Union Soviétique, était déjà repassé à 11h55 avant même le Krach boursier de 2008 et la récession des pays les plus riches – et accessoirement dotés de l’arme atomique pour certains. Bon, certains me répondront que tout va s’arranger grâce à Barrack Obaaamaaaa Yes We Can ! mais personnellement j’attendrai de voir avant de vendre la peau de l’ours. Même si un échange nucléaire global n’est peut-être plus aussi envisageable que lors de la Guerre Froide, j’en suis conscient, je doute qu’il faille compter sur une chute dans l’oubli de ce type d’armes. Les bombes nucléaire, à hydrogène, à neutron et autres saloperies ont je crois de beaux jours devant et n’auront pas été inventées en vain.

Vous l’aurez compris, mon optimisme à toute épreuve et ma paranoïa légendaire ne pouvaient que frétiller devant ces scénarios catastrophes où bien souvent je me disais : Mais pourquoi a-t-il empêché la bombe de détruire New-York, j’aurai bien aimé voir la suite ! La suite en question, j’ai pu la voir des années après la rédaction du tome 3 alors que je planche sur le 4. Si vous avez l’occasion de voir les films le Jour d’Après ( pas de Emmerich, hein, The Day After, de 1984 un film ABC Circle ) et Threads ( même année BBC ) vous aurez une idée des conséquences d’une attaque nucléaire massive sur une petite ville et vous comprendrez pourquoi, à leur sortie, ces films ont fait leur petit effet. Attention, c’est glauque. Et c’est bien comme ça que je me figurai l’horreur post-nucléaire, ces images qui me hantent depuis que je suis tout petit. Je vis en quelque sorte en dehors de mon époque, habité par les craintes des années 50 à 80 et par la certitude que la menace nucléaire ne s’est effacée depuis que pour mieux nous surprendre. Ma Troisième Guerre Mondiale ne pouvait pas passer à côté, et quand j’ai pris le parti de développer l’histoire en profondeur il était évident pour moi que ça finirait par le fameux Doomsday. Cela dit, malgré cette inspiration passéiste, j’ai essayé de l’adapter à l’époque que j’avais inventé.

Contrairement aux croyances populaires des années 60, une guerre nucléaire découlant de la guerre froide ne signifiait en rien l’extermination de l’Humanité. C’est une vision très occidento-centrée. En effet, le fameux « hiver nucléaire » n’aurait probablement recouvert que l’hémisphère Nord déjà fortement dépeuplé (EDIT 2015 : C'est en fait un peu plus compliqué que ça, c'est d'ailleurs un gros pan des tomes 7 et 8). Offrant aux pays du Sud l’occasion de prendre leur envol. Dans Pax Europæ, je voulais que la menace soit totale. On remarque déjà que la guerre est réellement mondiale, puisqu’il y a des combat sur tous les continents. Mais je ne pouvais pas donner à tous les camps l’arme nucléo-kalanique, je me suis donc arrangé pour que l’Océanie soit totalement impliquée dans la stratégie euro-américaine, de sorte qu’elle soit une cible première. Son impossibilité à répliquer est donc compensée par la surpuissance de ses alliés. L’Union Africaine est équipée de bombardier européens au Kalanium, le tome 4 va vous montrer qu’ils savent s’en servir, des répliques sont prévisibles. Les Etats Arabes Unis ont-ils une vraie force de frappe balistique ? L’épisode du train dans le tome 2 laisserait à penser que non et que la Slavie s’apprêtait à leur fournir, les notes sur le complot K supposent que si, en partie. Réponse dans le prochain texte. Quand à la Ligue d’Amérique Latine, dénuée de force nucléaire, j’hésite encore à en faire un îlot sauvegardé de la « Nuke War », bien que les raisons conduisant à son bombardement soient déjà définis dans ma tête. C’est un des points du scénario sur lesquels j’hésite encore.

Ce trip Guerre Froide, je l’ai donc poussé au niveau supérieur : Tout le monde ou presque a les moyens de répliquer. Pourtant je n’en oublie pas le rôle premièrement dissuasif de ces armes ( qu’elles ont jusqu’ici très bien rempli ). La Nuke War n’est donc pas due à l’escalade, mais à la volonté du « méchant » de rompre cette politique et de forcer les gens à se servir de leur stock à ses desseins. Son déclenchement n’est pas une suite logique du conflit comme l’aurait été un réchauffement de la guerre froide, une suite prévisible, Lunaris étant à la base conçu pour l’éviter. Les auteurs de fictions ont souvent bien compris que le cas de figure « escalade » n’était pas le plus probable, mais bien le déclenchement volontaire calculé ( par un fou de guerre ou un psychopathe, en général ) – Voyez Docteur Follamour, ou bien un accident / incident technique ( voir « By Dawn’sEarly Light » ou le pendant sérieux de Follamour « Fail Safe » ( Point Limite en français, dont je recommande une vision du film original de 1963 avec Henry Fonda avant le remake avec George Clooney, afin de se rendre compte à quel point ce dernier lui reste fidèle ).). Quant à la relance dans la guerre nucléaire après Lunaris dans le tome 4, elle n’est pas due non plus à l’escalade mais au sentiment d’impunité, qui reste pour moi un autre motif probable d’utilisation ( réduite ) de l’arme atomique. Dans ces différents cas de figure ( accident, décision en pleine conscience et en dépit des conséquences dramatiques, excès de confiance ou d’impunité ), je pense retranscrire l’idée selon laquelle, si des décisions personnelles n’avaient pas été prises, les décisions stratégiques et la raison n’auraient jamais conduit au même résultat. D’ailleurs, si le Haut Commandement Suprême débat longuement autour de Lunaris, à aucun moment – et même au bord du gouffre – il n’envisage un bombardement massif au Kalanium de ses ennemis, jusqu’à ce qu’on lui force la main et agisse à sa place. De même les initiatives malheureuses de Morrison Felt, notamment raser Hambourg pour ne pas la laisser aux Russes, sont-elles unanimement condamnées ou presque. C’est un élément à prendre en compte lorsqu’on juge de la « crédibilité » de la Nuke War, si tant est que quelque chose dans Pax Europæ soit crédible, aheum… De toute manière, cette fin s’inscrit dans ma volonté de décliner la plupart des types de combat moderne dans ma Troisième Guerre Mondiale afin d’en faire une synthèse, une incarnation de la guerre dans sa globalité. Et que serait une bonne guerre moderne sans ses champignons nucléaires ? Je vous le demande…

On notera également que la guerre nucléaire n’était pas prévue dans le Complot K de Galligart et Tramper, elle n’est pas tant le fruit de la conspiration que de l’opportunisme. Personne n’a voulu de la guerre nucléaire – sauf un – mais une fois le premier domino poussé, le processus est inéluctable. Lunaris n’est qu’une pause, car l’autre aspect mis en relief par la Nuke War est cette banalisation de la destruction massive engagée par l’utilisation du Kalanium dès le début de la guerre, la bombe « propre ». La surpopulation et l’impression de stabilité quoi qu’il arrive en vient grosso modo à cette conclusion : « Une Nuke ? Et alors ! » Comme le dit un des personnages dans le texte, l’utilisation de la bombe n’affecte les consciences qu’à la manière du 11 Septembre – vu de l’Europe. Un grand choc émotionnel, mais au bout de même pas un an on est passé à autre chose : Les Talibans d’Afghanistan et les soldats qu’ils nous prennent, l’Irak, la Crise… Aussi grand ait été le choc quasi traumatique du 11 Septembre et la peur qu’il a causé, tout cela est vite retombé, et les attentats suivants à Londres et Madrid, qui nous concernaient pourtant de plus près, qui à part les victimes directes y songent encore la larme à l’œil ? Même à l’époque, n’avez-vous pas trouvé que cet air de « déjà-vu » qui planait atténuait l’impact des événements sur le public ? « Et de toute façon il y a eu moins de morts… » (sic) Les plus grands massacres, les pires attentats, les guerres… se succèdent à une telle vitesse devant nos yeux grâce à ce merveilleux outils que sont les médias qu’ils en sont complètement banalisés, vidés de leur sens. Quand on montre aux infos un village africains mis à sac et les enfants fuyant des jeep sur-armées, peu se demandent « Seigneur ?? Mais où est-ce que ça se passe encore comme ça ?? », on préférera le lapidaire mais très efficace « C’est Ça L’Afrique » de Blood Diamond – et je ne déroge pas à la règle. Et on pourrait continuer des heures : C’est ça la Chine, c’est ça Guantanamo – et pourquoi pas c’est ça Sangatte ? Peu importe au fond, là n’est pas l’intérêt, et l'excès inverse fait l'affaire des "politiques de la terreur" qui exploitent ce sentiment très utile pour influencer les masses.


La Nuke War est le moyen extrême de montrer cette banalisation à travers les événements qui suivent directement les premiers bombardements. Bien sûr les gens sont choqués, mais très vite, ils s’habituent. Au final, on apprend que des nukes qui explosent encore sur les champs de bataille alors que le cessez-le-feu est instauré indiffèrent tout le monde du moment que cela se passe loin.

C’est Ça La Guerre Nucléaire.

samedi 8 novembre 2008

D'une Europe dystopique (Ou pourquoi j'ai choisi l'un des pires avenirs possibles)

En européiste convaincu, j'avais deux solutions si je souhaitais décrire les Etats-Unis d'Europe. La première, raconter une utopie où j'étalerais l'Europe parfaite telle que j'en rêve et la faire rayonner dans le texte comme le symbole d'avenir heureux qu'elle doit inspirer au monde, et j'aurais pondu... un texte de propagande reaganien, mais à la sauce européenne. Les Etats-Unis ( d'Europe ) lumière du monde sauvant la planète de la tyrannie et de la guerre nucléaire. Bof. L'autre solution c'était de montrer ce que je ne voulais pas voir devenir l'Union Européenne en tant qu'hégémonie et là, ça devient de suite plus intéressant.

Le drapeau des E.U.E. vu par les Défédératistes.

Les Etats-Unis d'Europe ne sont donc pas qu'une simple transposition des USA dans le futur "les noms des personnages ont été modifiés pour préserver leur anonymat". Évidemment, y a de ça. Et pour cause, l'hégémonie que j'ai eu le plaisir de côtoyer le plus, c'est les USA, et ce dans un contexte post 11/09 et en pleine "guerre contre le terrorisme". C'est d'ailleurs ce principe de guerre non-conventionnelle qui déclenche la vraie guerre de PaxEU, celle contre le terrorisme slaviste. Nier le parallèle serait absurde, mais dans l'idée, les EUE devaient être plus que cela. L'Amérique et l'Europe ne peuvent être traitées de la même façon, et moi ce qui m'intéressait, c'était bel et bien l'Europe. Je voulais pousser tous les vices de sa construction jusqu'à la limite de la caricature, accentuer certains traits, tout en faisant de cette superpuissance une allégorie de l'hégémonie en générale. De l'hégémonie décadente, pour être plus précis.


En 2033, les jours dorés des EUE sont déjà loin. Le système décline sous la pression du terrorisme à l'extérieur, et du défédératisme à l'intérieur. Le statut d'hégémonie, de première superpuissance a conduit l'Europe a colporter une image de confort, de richesse et de bien être grâce à la supériorité et à la modernité de son système, de son économie, de sa culture. Pour les peuples qu'elle méprise du haut de son piédestal, elle représente le rêve grillagé, inaccessible, et attire plus la rancœur que l'espérance. A ce stade de son nihilisme économique vis à vis de la Slavie, elle ne représente même plus le "rêve européen" mais bien le "despotisme européen", la Fédération a franchi la limite aux yeux des Indépendants. Sa grandeur auto-entretenue ne fait plus rêver, elle fait peur. Pour les européens eux-même, ce confort semble si naturel qu'il leur paraît légitime et hors de propos de remettre en question, causant une banalisation. Cette banalisation, nous la connaissons déjà, nous, dans l'Union Européenne : plus de 60 ans de paix en Europe, pas de grosse crise catastrophique ( je sais, on y vient ^^ )... Je m'explique :


Pour nous, ce statut de continent pacifique est un acquis qui semble inébranlable et absolument... normal. Rappelons-nous que l'Europe ( à dimension de l'UE actuelle ) n'a JAMAIS connu une période paix aussi longue. Alors est-ce si normal que ça ? Au vu de son histoire, cette parenthèse paisible fait presque office d'accident de parcours ! Mais qui oserait imaginer aujourd'hui une guerre entre France et Allemagne ? Ou entre la suède et la Pologne ? Ridicule, non ? Mais d'un autre côté, observons la carte de l'UE actuelle et son expansion récente ( excusez-moi, élargissement ^^ ), les Balkans y sont presque intégrés - et le reste ne tardera pas (Edit. 2015 : depuis la rédaction de cet article, la Croatie a été intégrée). Pourtant, et malgré le tourisme fleurissant, qui oserait s'aventurer à prétendre que les troubles inter-religieux et inter-raciaux sont résolus dans la région ? La guerre du Kosovo ( même pas 10 ans de cela, et avec un beau génocide à la clef ) est encore fraîche dans les mémoire, et les touristes en Ex-Yougoslavie aurons sans peine noté qu'il vaut mieux éviter les ballades en forêts, encore minées pour la plupart... Nous vivons sur une illusion de stabilité persistante et auto-entretenue par le fait l'union économique est si forte qu'elle empêche tout conflit. C'est certes le cas en Europe de l'Ouest ( et c'était le but de la CECA ), mais en est-on si certain dans les pays de l'Est fraîchement arrivés dont le retard économique profond a introduit un gouffre monumental d'inégalité entre les pays membres ? Le fonctionnement dans les pays fortement industrialisés de l'Ouest a fait croire à tout le monde que l'élargissement était d'une part une priorité mais en plus d'une grande simplicité. Faux ! Et Nous commençons seulement a subir les conséquences d'un élargissement trop rapide qui n'a pas pris le temps d'intégrer correctement les nouveaux venus au fur et à mesure. (Edit. 2015 : depuis il y a aussi eu la Crise Grecque qui cristallise le problème que j'évoquais alors)


Fis de digression, j'en reviens à l'idée que notre système européen nous paraît solide et la stabilité de notre mode de vie semble aller de soit. Et lorsque c'est le cas de n'importe quel système, où qu'il se trouve, c'est la porte ouverte à ceux qui crachent dans la soupe. Nés dans le confort bienheureux du hasard, certains pensent qu'ils sont plus malins que tous les autres avant eux et qu'ils peuvent revenir en arrière sans commettre les erreur de leurs aïeux, que c'était mieux aaavaaaaant et qu'on se demande bien pourquoi on en est pas resté là. Se pose alors deux principes :


Soit ils ont raison, le système est mal engagé et part dans le mur, ils tentent donc tout pour le supprimer et le transformer d'une façon ou d'une autre et réussissent parfois à redresser la barre. En général on appelle ça une révolution.


Soit ils ont tort, ils foutent en l'air tous les efforts de leurs ancêtres et se rendent compte trop tard qu'ils ont tout fait foiré et que c'est pire. En général on appelle ça aussi une révolution.


Comment savoir ? Chacun a ses propres convictions. Aujourd'hui, les eurosceptiques critiquent l'Euro, l'Espace Schengen, Maastricht, le calibrage des tomates par Bruxelle... Ont-ils raison, ont-ils tort ? Facile de critiquer quand on a connu que la paix et une relative prospérité, se dit-on. Alors pour bien montrer l'ambiguïté du problème j'ai poussé le vice jusqu'au bout : Les Défédératistes. Véritable pourrissement de la société Unie et Fraternelle telle que l'envisage le gouvernement, les défés' sont à la fois le symbole de la régression ( retour aux pays indépendants ) et de la lucidité face à la chute du système. Ils vivent dans l'Etat le plus riche et le plus développé de la planète, mais cela leur est tellement commun qu'ils ne perçoivent que les mauvais aspects de leur société et sont prêt à tout sacrifier dans leur ignorance de ce que cela va réellement leur coûter. Pour autant, sont-ils simplement ingrats vis-à-vis de leur "chance" de ne pas vivre en Slavie à espérer les miettes d'une nation arrogante, ou conscients de participer contre leur gré à cette arrogance, et donc décidés à y mettre fin ? Ils sont à la fois en position de rejet du mode de vie qu'ils ont le privilège "de naissance" de partager et du rejet des aberrations qui vont avec. Le complot K est là pour prouver qu'ils n'ont pas tort, Erwin et sa foi en l'Europe sont là pour prouver qu'ils n'ont pas raison.


Les EUE, sans être totalitaires, sont un Etat policier et qui se militarise jusqu'à la Loi Martiale. Pour autant, le Parlement n'est jamais dissout et garde tout son pouvoir : ce n'est donc pas à proprement parler une dictature.


De plus, et les tomes 7 et 8 le développeront amplement, au nihilisme défédératiste va s'opposer l'ultra-fédéralisme. Alors que la société sombre et que les partisans du changement commencent à se faire entendre, le mouvement inverse se créé automatiquement : les réactionnaires, qui eux sont tellement conscients de ce qu'ils ont acquis et du risque de le perdre qu'ils deviennent hostiles à tout changement, aussi infime soit-il, et s'enferment dans des lois et des traditions qui les condamnent à sombrer avec elles. L'Europe dystopique est un moyen de disséquer les deux extrêmes de la société, ce qu'un système politique parfait n'aurait pas permis. Cette opposition a déjà cours aujourd'hui alors que certains pays refusent l'Euro, ou Schengen, ou le drapeau européen, etc. Ont-ils raison, ont-ils tort ? Encore une fois, à chacun de se poser la question. La seconde question serait : Ont-ils raison pour tout ? Ont-ils tort pour tout ? Le réel avenir n'est-il pas dans les compromis réciproques ?


Cette frontière floue entre Europe fédérale triomphante et Europe policière décadente est mille fois plus intéressante à traiter qu'une Europe utopique modèle du monde moderne, où tout le peuple serait d'accord pour dire qu'il est heureux. Je m'amuse donc à trouver des exemples absurdes de cette ambivalence utopie/dystopie, comme la Peine de Mort par référendum.


Ainsi, la dystopie européenne de Pax Europæ me permet d'opposer les acquis d'une nation prospère et pacifique à qui rien ne manque, à un Etat autoritaire et décadent, car cet autoritarisme et ce pourrissement intérieur sont le fruit de l'Âge d'Or qui a endormi les consciences et bercé la jeunesse d'illusions brillantes.

samedi 1 novembre 2008

Des clichés dans Carnet de Guerre ( ou pourquoi il y a certaines ficelles à respecter )

Pour rebondir sur le commentaire de Mierin, un tout petit post sur l'utilisation des clichés, poncifs et autres ficelles scénaristiques classiques. Parce que PaxEU, ça reste un récit de guerre et comme tous les récits de ce genre y a quelques trucs qui DOIVENT revenir, à mon sens, quitte à faire grimacer le lecteur qui se dit "Aaah, bah tiens, comme d'habitude !". Deux exemples importants et ultra-classiques.

Le premier cliché qui est en fait devenu une règle à part entière, c'est le coup du soldat qui sort une photo de sa copine juste avant la bataille et dit à ses potes : "Regardez, elle est enceinte alors on va se marier et s'acheter une petite maison dans la prairie à côté des Ingalls on élèvera des moutons et des chiens et je cultiverai des tomates jusqu'à la fin de mes jours heureux et paisibles, à 90 ans". Là, vous pouvez être sûr que le type, dans 20 pages / 10 minutes, il est mort ^^. C'est évidemment une grosse ficelle - que dis-je, un câble, un treuil ! - pour rendre le bougre sympathique afin de rendre sa mort tragique et inconsolable pour le lecteur, utilisée en général parce qu'on a pas pu/voulu développer le perso avant et qu'on aimerait que sa mort ne passe pas complètement inaperçue. Tous les films de guerre jouent dessus (le Soldat Ryan l'utilise d'ailleurs sans vergogne), à tel point que dans nos parties de jeu de rôle, quand on commençait à avoir la lose y en avait toujours un pour dire "Hé, tiens, je vous avais déjà montré la photo de ma copine ?" et l'autre de répondre : "Arrête, merde, ça porte malheur !!".

Nous avons donc affaire à une vraie superstition : parler de sa famille/copine juste avant de partir au combat, ça apporte le mauvais œil. Alors, telle la marque noire des pirates, l'échelle de tout un chacun, la femme à bord des marins, les chats noirs et autres conneries, le soldat a-t-il la poisse avec ce phénomène. Il était donc normal que j'use de ce procédé au moins une fois, et je ne m'en suis pas privé, sous divers angles d'attaques. Aussi, si la discussion entre Gaël et Christophe sur leur mère alors qu'ils font leur courrier vous paraît suspecte, vous ne rêvez pas, j'annonce la page nécrologique.

L'autre élément scénaristique essentiel d'un texte comme Carnet de Guerre, c'est le méchant increvable. Il doit passer pour mort et revenir au moins une fois à la grande stupéfaction de tous - sauf du lecteur, bien entendu. Après, il y a increvable et increvable. L'Agent Smith est increvable, il revient après avoir soi-disant disparu dans le un puis est éliminé pour deux bon la deuxième fois. Jason le tueur psychopathe masqué, est increvable, il revient 10 fois (sisi, Jason X existe, et ça n'a rien de porno) plus une onzième pour affronter Freddy, autre génie de l'increvabilité, il revient même dans l'espace après avoir été cryogénisé (sisi, dans Jason X justement). Il y a une différence entre les deux, saurez-vous la distinguer ?

L'Archange est donc le traître increvable qui survit aux flammes de l'enfer, certes, il revient d'entre les morts MAIS je ne pousse pas mémé dans les orties, une fois ça suffit. Donc gros spoiler : NON, l'Archange ne sera pas dans le tome 4. Dommage, hein ? Alors pourquoi l'avoir mis ? Pourquoi ne pas avoir sorti d'autres méchants ? Parce qu'il en faut au moins un, c'est comme ça. Notons que c'est le seul, et que peu de gens sortent du coma dans CdG...

N'oublions pas l'instructeur sadique ! Que serait les scènes de caserne sans l'instructeur sadique ? J'en montre deux facettes dans le texte : le sadique sympatoche qui finalement gueule fort mais ne mort pas (cf : l'instructeur Miguel exagérant face à l'"observateur" américain - clin d’œil personnel à full Metal Jacket mais discret puisque sans le langage coloré), et le vrai sadique pervers, côté slaviste, qui harcèle Youri tout du long et tue quelques types à l'entraînement et par "accidents" (notons que l'instructeur est là encore étranger, puisqu'il est... Européen). On est toujours plus chiant à l'étranger, même si on s'en rend pas compte.

Cela dit, et contrairement au sergent de "Furies" qui est là "pour le fun", l'exemple de Cooper n'est pas totalement gratuit. A travers l'image de cet européen félon, on peut voir l'image du militarisme à l'excès de l'Eurocorps (version PaxEU, j'entends) poussé jusqu'au bout et sans la bride qui habite encore les EUE. Je pense que Cooper fait relativiser le militarisme autoritaire que vivent Erwin et ses amis lors de leurs entraînements éreintants, tels qu'on peut les voir clairement dans "Les Etoiles et la Rose des Vents" où l'instructeur attend de ses hommes qu'ils dépassent leur condition pour devenir des surhommes, des machines. Cooper, c'est la machine de guerre rigoureuse poussée à sa pire extrémité, jusqu'à la folie. Finalement, des fous de guerre, il n'y en a pas tant que ça, même Peterson n'est pas dingue. Cooper lui, c'est l'absurdité, la violence pour la violence. En faire un mercenaire montre bien qu'il ne sert même plus une cause, il est dans le combat pour le combat.

J'(ab)use aussi du syndrome Thimoty Zahn : les héros ont tendance à se retrouver tous au bon moment (ou mauvais, comme on l'entend) au même endroit grâce au hasard et aux coïncidences (je pense notamment à la deuxième bataille de Tirana quand les fuyards suivant Gabriel Stan retrouvent tout le Bataillon Furie venu officieusement récupérer le carnet). Mais en même temps, c'est une fiction, et une fiction sans heureux hasard, ça peut vite devenir chiant. J'ai donc décidé de forcer parfois les coups de bols, mais j'assume parce que ça me permet d'aller vite et efficacement sur des points qui seraient desservis par une longue et lourde explication rationnelle sur le pourquoi du comment tout arrive comme il faut. Hé ho, la chance, aux dernières nouvelles, ça existe encore !

Autre syndrome qui peut passer pour un cliché : l'armée russe est inépuisable. C'est en tout cas l'idée que l'on peut s'en faire en lisant les trois tomes, elle déferle littéralement et rien ne semble pouvoir l'arrêter. C'est en fait une exagération du vieux mythe de l'armée russe imbattable et à effectif illimité, grandement entretenu par la victoire en 45. Cela dit, en 45, l'armée rouge était exsangue, et il en va de même dans PaxEU. L'illusion est maintenue car on voit la guerre du point de vue européen, le point de vue qui voit des Miest de tous les côtés, des chars, des flots d'hommes... Dans le texte "Honneur et Patrie", le point de vue russo-asiatique nous apprend qu'en réalité, derrière les premières lignes, la Russie Indépendante n'a... rien d'autre ! La tactique bourrine russe est un énorme coup de bluff qui va éclater lors de sa capitulation officielle après Lunaris. Les Européens se rendent alors compte qu'une simple brèche dans le front russe leur aurait éventé la réalité et qu'ils ont reculé devant une façade. Cet état de fait ne se fera cependant qu'après les Bombardements nucléo-kalanique, donc dans le tome 4.

Alors la grande question est de savoir si ces éléments "classiques" passent ou ne passent pas... Ça, c'est à vous de voir !

dimanche 26 octobre 2008

De la pluie dans Carnet de Guerre ( ou pourquoi j'aime les saisons au temps pourri )

Ceux qui ont commencé à lire Carnet de Guerre se sont peut-être rendus compte qu'en Europe, le temps est toujours très gris, très humide, très orageux, très pluvieux. Alors on peut se dire que c'est parce que PaxEU est un texte de dépressif défaitiste pessimiste OU BIEN on peut tenter d'analyser la fonction pluvieuse dans le texte. Et dans les deux cas, on aura raison ! Je m'explique.

Bon, d'entrée de jeu : effectivement, le ton des textes n'est pas aux petits ballons, aux rosiers en fleur et aux petits anges tout nus. Mais est-ce la seule motivation pour infliger à l'Europe un temps pourri ? Pas vraiment, même si ça aide à installer l'ambiance Etats Unis d'Europe glissant lentement dans un modèle militariste et policier. Pour ceux qui en douteraient, même si je suis partisan d'une Europe fédérale ( sans blague ? ) je ne l'imagine ABSOLUMENT pas telle que je l'ai décrite. Les EUE originels ont été détournés lentement par l'Histoire et les intrigues, et le temps est un outil très pratique pour souligner des évènements importants. On remarquera que le jour de la Fédération Européenne se fait par un mois de décembre chaud et ensoleillé ( alors que ce jour là, j'étais réellement à Strasbourg et il faisait plutôt frais avec quelques nuages ). Les tests de la technologie Furie, l'assassinat de Trovich, sont sous le déluge.

Alors beau temps = bon moment et mauvais temps = moment triste/tragique/dangereux (rayez la mention inutile) ? Pas exactement La pluie ne souligne pas grand chose car elle est quasiment omniprésente. Le soleil, lui, se fait rare. Quand il brille, j'insiste sur un détail, et pas forcément joyeux. Dans Furies, le soleil met en relief la première Furie que voient "pour de vrai" nos héros ( jeu de reflet qui attire leur regard ), il sacralise la scène de la place de Lviv à l'aube du deuxième jour des combats, chapitre dans lequel les personnages principaux commencent à suivre un destin propre, il souligne la trêve devant la Montagne et l'instant arrêté où finir la guerre par la diplomatie est encore possible.


Si la pluie ne souligne pas des masses, l'orage, lui, est le pendant opposé. Dans Euronet, alors que la paix relative et ennuyeuse règne à Tirana, la chaleur étouffante pousse tout le monde à souhaiter un orage. Quelques pages plus tard, la guerre est relancé sur le front Arabe part une grosse bataille bien sanglante... et l'orage éclate. De même quand Erwin et ses amis affrontent une ultime fois l'Archange dans le camp de blessé, l'endroit est littéralement plongé sous les eaux bouillonnantes d'une crue, sous un orage déchaîné et une pluie d'enfer. En l'occurrence, cette séquence n'est absolument pas héroïque, car pour l'Archange comme pour les autres, la lutte n'est qu'une question de vengeance.

Cette volonté d'accentuer des événements se mêle à l'aspect "ambiance" et me permet de rester cohérent dans mon univers avec un artifice météorologique, sans aller jusqu'à l'icônisation (contrairement à la scène du duel final sous une pluie torrentielle dans Matrix Revolutions, par exemple).

Cependant, il y a une autre raison de l'omniprésence du temps de merde - appelons un chat un chat - dans Pax Europae : le contexte d'écriture. En effet, mes fulgurances narratrices se sont toujours déroulées par temps de pluie ! La pluie, ça m'inspire, le vent qui se lève, l'humidité dans l'air, les arbres qui murmurent et le clapotis des gouttes sur la vitre, c'est une source inépuisable d'ambiance et d'inspiration venue d'ailleurs. Je vous parlais des ces idées presque miraculeuses qui rendaient tout plus cohérent qu'avant en étoffant l'univers, et bien 85% des cas, ces idées me sont venues par temps de pluie ou d'orage. Cela causait un problème majeur :

On écrit des tonnes géniales, on oublie de sauvegarder, et avec l'orage, ben oui... la fatale coupure de courant qui m'a fait perdre plusieurs dizaines de pages depuis le temps... Mais je commence à m'y faire à la sauvegarde toutes les trois lignes. ^^

Et sinon, l'excuse narratrice du mauvais temps reste : changement climatique. En ça, je ne me tromperai sûrement pas tant que ça quand je vois le temps pourri qu'on a eu cette année. Si ça se trouve, je serai peut-être aussi précis que météo-france, qui sait ?


PS : vous comprenez pourquoi dans la Radio de Guerre j'ai utilisé une piste musicale soutenue par le bruit de la pluie qui, à sa façon, est un véritable thème de Carnet de Guerre.

dimanche 19 octobre 2008

Crayonné ( ou pourquoi je galère à m'illustrer )

Vous le remarquerez peut-être, le dessin c'est... pas la meilleure corde que j'ai à mon arc ^^ Pour vous donner une idée de ce à quoi ressemblent mes dessins, voilà un soldat de l'Eurocorps plutôt synthétique :

-Je ne sais faire que des crayonnés "fouillis", pas de traits purs et uniques, moi ça se chevauche... disons que c'est à voir de loin ^^

-Les proportions, ben, c'est pas ma marotte

-Les armes, c'est pas évident, alors je me débrouille pour qu'on les reconnaisse, c'est déjà ça

-Les pieds et les mains, c'est horrible...

Conclusion : Vous savez désormais pourquoi Carnet de Guerre est une série de textes et pas une BD ^^

samedi 18 octobre 2008

De l'uchronie ( Ou pourquoi je suis content d'avoir été rattrapé par les évènements )

De 2002 à 2005, Pax Europæ (ex Carnet de Guerre) était une anticipation. Puis 2006 est arrivé, ce qui n'est pas le cas du Millenium Crash. Se posait donc le problème : et maintenant, comment on rattrape ça ?

Mon entourage était relativement unanime : change les dates. Et oui, la solution de facilité était de repousser tout de 20 ans, histoire d'être tranquille. Encore que "facilité ne soit pas le terme adéquat : se retaper 600 pages pour vérifier qu'on n'a pas oublié de changer toutes les références chronologiques ( sans oublier que ces références sont tantôt en chiffres, tantôt en lettres... le casse-tête ultime ) Bon, plusieurs choses me dérangeaient dans ce procédé. La première était que ça cassait le côté fun de la date 2033 ( 2033, un siècle après l'arrivée au pouvoir d'Hitler mais 88 ans après son suicide, 88 oui oui, le chiffre des néo-nazis... curieux calcul qui se prête bien à l'éclatement de la WW3 par Markus Tramper contre les Russes et les Slavistes... ), mais surtout, deuxièmement : Est-ce que je vais me faire suer à tout changer à chaque fois que l'actualité saborde mon scénario ? Eho, faut pas pousser !

Et puis j'ai pensé à cet excellent bouquin de Robert Harris "Fatherland". Fatherland, c'est une histoire qui se déroule dans les années soixante dans une Allemagne... nazie qui a gagné la guerre. Le principe aussi flippant que tripant, je le trouvais absolument génial, et là j'ai découvert qu'on appelait ça une uchronie. Et depuis ce jour, je vois les uchronies partout ! Mais si, regardez...

L'Union Soviétique qui envahit les Etats-Unis ? Les jeux vidéos s'en donnent à cœur joie ( Command and Conquer, Freedom fighters, récemment World in Conflict, etc. ), les films comme Red Dawn, Amerika... Sinon, la guerre mondiale nucléaire, comme le livre "10 juin 1999"... Après certains tripent dans d'autres domaines : l'Empire Romain qui existe encore en l'an 2000, les Arabes et les Asiatiques qui découvrent le Nouveau Monde car l'Europe a été décimée par la Grande Peste, Christophe Lambert s'amuse à faire débarquer 10 000 Zoulous dans le vieux Londres... et y en a plein d'autres !

Bref, un nouvel horizon s'ouvre à moi : Changer le monde, changer l'Histoire, et ASSUMER. Je suis tombé amoureux du principe et j'ai dit : Carnet de Guerre sera une uchronie, et je vais l'installer comme tel ! C'est cette décision qui m'a poussé à écrire Europæ. D'ailleurs, à la base, cette nouvelle s'appelait Uchroniæ ! J'y explique l'avènement des Etats-Unis d'Europe à partir de l'été 2006 jusqu'au jour de la fédération le 10 décembre.


Mais au début j'ai attendu... Je voulais un bon point d'uchronie, pas un événement purement fictif... Il a fallu attendre l'été et la crise au Liban pour que l'occasion me soit offerte : Alors que tout le monde se demandait si les Américains allaient se lancer dans le tas, si la Syrie allait s'impliquer, moi j'ai dit : OUI ! OUI, ils y vont, et franchement, même. Bam, je tenais mon point d'uchronie et l'élément déclencheur du Millenium Crash ! Tout au long de la nouvelle, je m'applique à donner plein de détails véridiques ( les bâtiments de l'ONU touchés par Israël, la marrée noire quand une raffinerie a été détruite, etc. ) puis de lentement les mélanger à la fiction ( convoi syrien détruit à la frontière... ). Et j'ai adoré jouer avec les infos, m'imaginer le journal racontant la situation dégénérant en conflit moyen-oriental...

Bon, aujourd'hui en 2008, je n'aurait presque pas eu à inventer quoi que ce soit : le Millenium Crash, on n'en est pas très loin. La crise boursière aurait fait un excellent point d'uchronie, mais quelque part, je me suis tellement appliqué depuis le tout début à raconter tout depuis 2006 que peu m'importe. On dira que j'ai été visionnaire mais que je me suis planté de deux ans ^^

Évidemment, j'ai glissé par après dans les autres textes - ceux en 2033/34 - des éléments tirés de Europæ, noms, événements... C'était par exemple l'occasion pour moi de définir quels républiques et territoires russes avaient été accepté dans les EUE, d'en tracer une frontière précise. Je réfléchis d'ailleurs à une carte en image qui serait encore plus parlante, car la frontière Est initiale des EUE est - je pense - la zone la plus floue de la géopolitique de PaxEU. De plus, le personnage de Théo Willem, fils du premier président Européen et jeune adulte dans la nouvelle, sera un élément important dans le tome 4 de Carnet de Guerre. Ainsi, tout est lié et relié, et j'espère que mes efforts de cohérence ressortiront à la lecture.

Mais outre l'aspect attrayant de pouvoir refaire le monde à son envie, il y a une chose qui me fait préférer une uchronie qu'une anticipation pour PaxEU. Pour moi, l'anticipation est un moyen de montrer un futur possible si les choses évoluent de telle ou telle façon. Comme une vision prémonitoire. L'uchronie me permet un autre point de vue. Plutôt qu'une prévision, l'uchronie est plutôt un miroir déformant, elle me permet de prendre le monde actuel et de le tordre, de l'exagérer sans pour autant hypothéquer sur notre futur. Aujourd'hui, l'histoire de Pax Europæ n'est plus possible, mais elle a des choses à montrer, des choses qui nous ressemblent dans le fond alors que la forme paraît plutôt futuriste, improbable même ( un monde dominé par la laïcité où la religion est proscrite, par exemple ). Et ça, c'est très intéressant pour moi en tant qu'auteur.


En résumé, l'uchronie, ça claque tes fesses.

vendredi 17 octobre 2008

De l'écriture de Furies

Je l’ai déjà évoqué, Carnet de Guerre / Pax Europæ est parti d’une nouvelle de forum. J’avais envie de faire une petite saga de l’été, une vingtaine de pages. J’avais esquissé des dessins d’appareils plus ou moins futuristes à base de sphères depuis quelques mois, et j’ai donc pensé à les utiliser dans un petit trip soldat Ryanesque à la sauce guerre moderne. Je n’aime pas écrire sur une idée qui n’a pas de racines, et j’ai voulu établir un contexte pour introduire la guerre, créant un petit texte à usage personnel qui est devenu l’introduction du tome 1, le « Contexte Géopolitique de 2006 à 2033 ». Le Millenium Crash était l’origine de tout, mais je n’avais jamais développé ces événements avant 2006, quand l’actualité m’a offert une occasion en or de définir le point d’uchronie, j’en parlerai une autre fois.

A l’époque, je m’étais fait quelques notes volantes sur des bouts de papier déchirés en envisageant, par exemple, que le Big One – ce tremblement de terre qui séparera la faille de San Andreas en deux – avait provoqué le Crash, mais ce genre d’idée est vite tombé dans la corbeille ( J’y fais pourtant une référence dans CdG par des allusions à l’imminence de l’événement durant 2033/2034, qui prend même de l’importance dans l’attitude américaine dans le tome 3… ça complexifiait la situation des Américains et ça me permettait de faire un clin d’œil aux vieilles idées originelles.) Ces papiers volants ont longtemps été mes seules notes concernant les personnages, leurs noms et qualités, etc. car je ne pensais guère avoir besoin de plus pour une vingtaine de pages !

Toujours est-il qu’au bout de deux trois postes sur le forum et des commentaires d’encouragement qui vont avec, j’avais envie d’étoffer un peu l’univers. Par trip personnel j’avais décidé de suivre les soldats de l’Eurocorps des Etats-Unis d’Europe – soupir nostalgique… Rapidement, j’ai réalisé que ce contexte était l’occasion rêvée de développer les réflexions que je me faisais sur l’Europe et le monde en général. Il y avait donc un semblant d’ambition qui s’éveillait derrière le récit de guerre, et j’ai compris que la quinzaine de pages déjà écrites n’était que le début d’un texte plus long. Se posaient alors plusieurs priorités :

Étoffer le background général : contexte, personnages, guerre, géopolitique…

Mettre en place un scénario plus complexe et mieux construit.

Se fixer une structure de travail, que j’ai bâtie en trois parties ( qui ne devaient pas être séparées ) C’est d’ailleurs pour cela que vous pouvez lire « Partie 1 : De la stabilité au déséquilibre » etc., dans la structure même de CdG. (EDIT 2015 : Ce n'est plus le cas, la structure ayant évolué... autrement)

Trouver une petite histoire dans la grande, le fil rouge.

Le fil rouge s’est imposé rapidement : le carnet. J’ai passé du temps à élaborer le Complot K, à savoir qui ferait quoi, qui savait quoi. L’histoire du père d’Erwin me permettait d’élaborer un contexte plus ancien que celui de mes personnages, permettant l’introduction d’autres personnages liés à Josch Helm. J’ai donc commencé à inventer une chronologie des EUE. Mine de rien, ce travail est la base qui m’a permis de broder trois tomes et plus !

C’est là le paradoxe de l’écriture, si une énorme part de l’histoire s’est créée presque d’elle même par l’inspiration instantanée (Vous savez, cette inspiration divine qui vient d’on ne sait où mais colle toujours miraculeusement à ce qu’on a déjà écrit et ce qu’on compte raconter plus tard ^^) et l’ouverture de tiroirs à chaque chapitre, la base réfléchie reste essentielle. Se laisser porter son inspiration l’est tout autant, évidemment. Si on n’écrivait que ce qui nous est venu le samedi soir entre 20h et 4h du matin, on n’écrirait pas 200 pages. Il y a cet équilibre qui s’installe : si on s’éloigne trop de l’idée fondatrice on se perd, on divague, on déborde. Quand on s’appelle JRR Tolkien, on peut se le permettre, quand on s’appelle Monsieur/Madame Tout-le-monde, déjà moins. Mais comment empêcher le cerveau en ébullition de trouver une nouvelle astuce, un nouvel artifice, une nouvelle ficelle, un nouveau tiroir ? Et comment empêcher le tiroir de prendre de l’importance et de devenir un pan entier et capital de l’histoire ? Malheureusement c’est au prix d’une extrême rigueur – que je n’ai pas. Résultat, il a fallu couper le texte en deux, puis en trois… Le plus important étant de rester cohérent, ce qui au bout d’un certain nombre de pages devient assez ardu.

C’est généralement quand on ne se rappelle plus du nom de famille de tel personnage secondaire ou de la couleur des yeux d’un autre qu’on commence à s’affoler et à feuilleter virtuellement son texte en se demandant « M*rde, je suis sûr de l’avoir écrit quelque part ! ». Les notes plus précises deviennent inéluctables, et dans mon cas je me suis retrouvé avec des paquets de feuilles pleines de schémas fléchés pour l’intrigue et les interactions entre les personnages, et de fiches de caractéristique : tel personnage, couleur des yeux, taille, couleur des cheveux, signes distinctifs, etc.. J’ai un classeur plein aujourd’hui ^^. 

Ce n’est que lorsque je me suis relancé dans le projet de tome 4 que je me suis rendu compte que c’était insuffisant : J’ai relu en diagonal TOUS mes textes pour relever les dates et événements importants afin de créer une chronologie précise des événements ( voir : www.europe-federale.eu dans le Guide Historique. EDIT 2015 : le site en question n'existe plus, mais la chronologie reviendra sous une autre forme ;-) ) et des résumés des périodes cruciales. Je n’ai pas fini tellement cela demande un travail énorme. Car à force de sortir de nouvelles idées, rebondissements et tiroirs ( j’aime cette expression, vous l’aurez sans doute remarqué depuis le temps), on ne se rend plus compte combien d’éléments essentiels on a disséminé au lecteur et on ne sait plus ce qu’on lui a déjà dit ou pas. Evidemment, dans notre tête tout est clair, mais la personne qui lit n’est pas forcément du même avis… Alors quand en plus cela concerne l’intrigue secrète qu’on souhaite révéler au fur et à mesure, la question : « euh, je l’ai déjà dit, non ? » devient très inconfortable. 

De plus, il ne faut pas se leurrer, le lecteur retient beaucoup plus de choses de ce qu’il lit que moi qui garde une bonne vision d’ensemble de mes idées, mais une exécrable de ce que j’ai réussi à faire comprendre au lecteur en question. J’ignore si c’est le cas des auteurs qui me liront, mais personnellement c’est à mon sens le plus gros problème quand on écrit un projet un tant soit peu ambitieux – ne serait-ce que par la taille.

dimanche 12 octobre 2008

Le syndrome Jamais-Satisfait

En feuilletant Apostasie ( tome 3 ) j'ai trouvé le sujet du premier véritable article, à savoir le syndrome d'auteur le plus classique : Jamais Satisfait.

On a beau se relire, se re-relire, avec correcteur, sans correcteur, il suffit de laisser le texte reposer quelques semaines ( mois ) et de le reprendre au hasard pour qu'advienne le drame : "Mais c'est nul ?!" Oui, les gens qui touchent à l'écriture opinent du chef et comprennent de quoi je parle. Cette impression inéluctable qu'à chaque relecture quelque chose ne va vraiment pas, et la question : pourquoi ne l'ai-je pas vu avant ?? Exemple tout bête, celui de cette après-midi ( le dictionnaire m'informe que le débat sur "cet après-midi" et "cette après-midi" se résout par un " après-midi : n. m. inv. ou n. f. inv." ) mon coup d’œil dans Apostasie.

Des répétitions en veux-tu en voilà, des tournures à revoir... Le coup classique. En même temps, ça fait bien 6 ans que je bosse sur Carnet de Guerre et je trouve toujours des choses à revoir. Je sais que c'est un coup classique, bien sûr, et je repense notamment à Michael Crichton qui, à l'occasion de la sortie cinéma du Monde Perdu, expliquait que s'il avait à réécrire Jurassic Park aujourd'hui (1997), il le ferait complètement autrement. Après, aurait-il eu autant d'impact sur moi comme le livre l'a fait à mes 10 ans, Dieu seul le sait ( le veinard ). Mais même si tout texte est perfectible, Carnet de Guerre souffre d'un autre syndrome. Le très courant "J'ai-Commencé-Trop-Tôt".

2002, la fin du collège, l'entrée au lycée, et accessoirement la sortie ciné de l'Attaque des Clones et des Deux Tours. C'est les vacances, je veux animer un forum que j'apprécie et je me lance dans une nouvelle qui deviendra Carnet de Guerre, puis Pax Europæ (qu'on retrouvera abrégé CdG ou PaxEU sur ce blog). Les idées sont là, mais... J'ai 16 ans. Et bah le voilà, le problème. Et à 16 ans, même quand on est un peu doué, on a 16 ans ( Hein Chrichri Paolini, salue tes parents de ma part ! ^^) Le style est jeune, brouillon, brute de décoffrage. Je m'étais fait la main sur une fan-fic de 200 pages Jurassic Park ( quand je vous disais que ce livre m'avait marqué ) mais ce n'était guère suffisant. Aujourd'hui, six ans après, le bilan est là : Il faut réécrire, modifier, réviser constamment ! J'avoue être trop flemmard pour réécrire intégralement CdG, ça ferait beaucoup, alors j'essaye d'améliorer les textes à travers la relecture. L'avis de personnes extérieures ne flatte / froisse pas seulement l'ego, il met le doigt sur les choses qu'on a relu 20 fois et qu'on ne vois même plus ! ( Ceci est un appel à bêta-lecteur à peine dissimulé ^^ )

Je ne suis donc pas prêt de quitter le Syndrome Pas Satisfait - mais chose positive - ça me pousse à revoir au fur et à mesure les passages de mon tome 4. Difficile à dire si la frustration est plus forte que l'intérêt d'observation qu'il apporte. Il reste un moteur à l'autocritique, et les répétitions que j'ai vu dans le tome 3, je les aurais bien en tête pour éviter celles du 4. Il ne me reste donc plus qu'à me relancer dans une une nouvelle révision de Apostasie (sic)... Le travail, le travail, et encore le travail...

samedi 11 octobre 2008

Ouverture de l'Europæn Tribune

Bienvenue sur le blog que je consacrerai à l'univers de Pax Europæ. Cet univers uchronique d'anticipation voit se dérouler une Troisième Guerre Mondiale, essentiellement du point de vue de la plus forte puissance en 2033 : Les États Unis d'Europe.

Comment ça les États Unis d'Europe ? Superpuissance en plus ? Et une guerre mondiale ? Contre qui et pourquoi ? Les réponses à toutes ces questions et plus encore se trouvent ici, sur ce blog, où vous pourrez découvrir tous les textes de l'univers en question (et même en lire certains !) : les tomes de l'octalogie centrale, les tomes indépendants ainsi que les nouvelles qui gravitent autour. Vous n'avez qu'à vous laisser porter par la navigation !

Mais ce blog, à quoi va-t-il servir ? Ici, sur l'Europæn Tribune, je vais parler des textes plus en détail, expliquer certains partis-pris, points de vue et ambitions de scènes ou de chapitres concernant les manuscrits existants, mais aussi de la finition du tome 8 et relectures des tomes 5 à 7 dont je m'occupe présentement. Et si les dieux le veulent et la météo le permet, je vous parlerais aussi du Jeu de Rôle !

En espérant titiller votre curiosité et vous convaincre de lire mes textes ( et de donner votre avis ), je vous souhaite une bonne visite.



MAJ : 02/09/15